Le Journal de Montreal - Weekend
Charlie Hunnam donne vie à Percy Fawcett
James Gray (L’immigrante) a mis près de huit ans à porter au grand écran l’histoire de l’explorateur britannique Percy Fawcett (Charlie Hunnam), mystérieusement disparu en Amazonie en 1925. Lors de la présentation de The Lost City of Z à Berlin, le cinéaste, l’acteur principal ainsi que Robert Pattinson ont partagé leurs souvenirs du tournage et leur vision de leur personnage.
Charlie Hunnam, bien connu pour son rôle dans Sons of Anarchy, n’a eu que 10 jours pour se préparer à ce rôle. «Initialement, le projet m’intéressait parce que je voulais travailler avec James. Puis, après avoir lu le scénario, ce sont les thèmes du film qui m’ont interpellé, particulièrement le conflit découlant du fait que Percy veut accomplir son destin, mais qu’il délaisse ses obligations familiales et financières», a expliqué l’acteur aux journalistes lors de la conférence de presse de la Berlinale.
Le Britannique Percy Fawcett effectue sa première expédition en 1906, à la demande de la Société de géographie de Londres, afin d’établir un tracé de la frontière entre le Brésil et la Bolivie. En découvrant des poteries et les vestiges de ce qu’il croit être une civilisation perdue, il devient persuadé de l’existence d’une cité, qu’il appelle Z, dont les ruines restent à mettre à jour. À son retour en Angleterre, ses idées sont ridiculisées par les scientifiques de l’époque. De plus, il ne peut que constater à quel point son absence a eu un effet néfaste sur sa femme, Nina (Sienna Miller).
Mais cette dernière le soutient et Fawcett parvient à financer une deuxième expédition à laquelle participe le riche James Murray (Angus Macfadyen). Or, après avoir survécu aux attaques de tribus cannibales, à la maladie et au climat, ainsi qu’après avoir découvert d’autres vestiges, Fawcett, son aide de camp Henry Costin (Robert Pattinson), et les membres du groupe doivent faire demi-tour. Revenu dans son pays au début de la Première Guerre mondiale, il se retrouve dans l’horreur des tranchées. Quelques années après la fin du conflit, son fils Jack (Tom Holland) parvient à le convaincre de parcourir une autre fois la forêt amazonienne à la recherche de cette cité perdue.
«Après avoir tourné dans sept saisons de Sons of Anarchy et dans des films entre les saisons, je me trouvais égoïste et je me sentais coupable d’avoir autant négligé ma vie personnelle pour accomplir mon propre destin. Comme c’est un sentiment que je voulais explorer, et que James voulait mettre en lumière, cela a immédiatement créé un lien avec mon personnage. J’ai eu le sentiment de pouvoir apporter une richesse au conflit de Fawcett. De manière plus générale, j’avais envie de participer à un projet qui allie qualité du scénario et qualité du réalisateur […] C’est, d’une certaine manière, la chance que j’ai at-
tendue toute ma vie», a détaillé Charlie Hunnam.
DES ARAIGNÉES SUR LE PLATEAU !
«Je me considère comme quelqu’un d’aventurier. Après tout, on ne se fait pas offrir tous les jours de disparaître dans la jungle», a commenté Robert Pattinson, rappelant qu’il a dû parcourir des kilomètres dans la jungle avec Charlie Hunnam.
«Quand nous tournions, nous étions complètement dépendants des éléments. Nous étions dans une jungle complètement vierge, habitée par une quantité incroyable d’animaux. C’était ridiculement dangereux! Après quelques semaines, il se produit un étrange phénomène, on lâche complètement prise.»
Charlie Hunnam a, de son côté, rappelé que James Gray avait eu maille à partir avec une araignée. «James regardait les moniteurs et une araignée assez belle et assez grosse, de couleur rose et crème était derrière lui, en train de grimper le long de son dos. Le dresseur de serpents a vu ça et s’est mis à paniquer. Il a alors enlevé l’araignée et nous a dit, quelques instants plus tard, que si elle avait mordu James, il serait mort en 30 secondes!»
Tourné à la frontière entre la Colombie et le Venezuela, The Lost City of Z – adapté de l’ouvrage du même nom – a été filmé avec un souci de réalisme. Réalisme envers les lieux – le long métrage aurait pu être fait en Asie, ce que le réalisateur a refusé –, mais surtout respect envers les tribus locales.
«Il était hors de question d’aller sur place et de présenter les tribus amazoniennes [à la manière d’un colonisateur], a expliqué James Gray. Pour moi, il était essentiel d’inclure une scène dans les tranchées [de la Première Guerre mondiale] pour montrer toute l’étendue du mensonge qu’est cette idée d’une civilisation européenne avancée. C’est dans le livre: Fawcett a été gazé dans les tranchées. Et pour moi, c’était l’occasion idéale de souligner que le film, en réalité, a pour sujet deux environnements radicalement différents.»
«Je crois malheureusement que le film est plus actuel que jamais, parce que nous ne pouvons pas clore le sujet d’une vision blanche – soyons honnêtes –, très raciste et très colonialiste du monde.»
«J’aimerais pouvoir dire que nous ne connaissons pas, actuellement, une vague de nationalisme à travers le monde, mais c’est le cas. Et aujourd’hui, plus que jamais, nous avons besoin de nous rappeler que nous sommes tous faits de la même argile.»