Le Journal de Montreal - Weekend
POUR L’AMOUR DE Brel
Depuis sa création à Montréal en lumière, en 2012, le spectacle piano-voix Ne me quitte pas: un hommage à Jacques Brel a eu différentes vies. Après avoir fait l’objet d’une tournée et inspiré un album, c’est sa version symphonique qui sera présentée les 18, 19 et 20 avril prochains, à la Maison symphonique.
En plus des musiciens de l’Orchestre symphonique de Montréal, ces concerts dirigés par le chef et orchestrateur Simon Leclerc permettront à 10 des chanteurs ayant pris part au spectacle, dont Luc De Larochelière, Marie-Élaine Thibert, Marc Hervieux, Paul Piché, Diane Tell et Pierre Flynn, de présenter leurs pièces fétiches sous un nouveau jour.
Deux de ces artistes, mais aussi celui qui a eu le privilège de revisiter l’univers orchestral des oeuvres de Brel, ont accepté de nous parler de l’amour qu’ils portent à l’icône belge et au projet.
MARIE-ÉLAINE THIBERT
«La plupart des chanteurs sont les mêmes depuis cinq ans. C’est une belle gang», a raconté la chanteuse qui interprète Les remparts de Varsovie et Quand on n’a que l’amour, dans le cadre de cet hommage à Brel.
Bien que ce soit son père qui l’ait initiée à la musique de l’artiste, lorsqu’elle était jeune, c’est son passage à Star Académie qui a cristallisé ses liens avec lui.
«J’avais fait La quête et c’est avec cette chanson que les gens m’ont adoptée, je dirais. Ça m’a suivie. Je chante La quête dans tous mes spectacles.»
Quant à la pièce Quand on n’a que l’amour, la chanteuse n’oubliera jamais le jour où elle a eu la chance de l’interpréter sur scène avec Céline Dion, à Las Vegas.
«Les moments forts de ma jeune carrière, c’est souvent avec Brel que je les ai vécus, a-t-elle souligné. Piaf me suit beaucoup, mais Brel me suit encore plus.»
MARC HERVIEUX
«Ce qui est fabuleux, dans ce projet-là, c’est que c’était censé avoir lieu un seul soir, a souligné Marc Hervieux, en entrevue. Finalement, nous l’avons fait plusieurs fois avant de partir en tournée. Nous avons eu beaucoup de plaisir, ensemble. Ç’a créé des liens entre nous.»
Le chanteur, qui interprètera La quête et Les bonbons, dans le cadre de cette nouvelle série de concerts, estime que Jacques Brel le suit depuis ses débuts sur scène, à l’âge de 13 ans. «À l’époque, je faisais partie d’une troupe de théâtre amateur d’adultes (...) C’est un ami, membre de la troupe, qui m’a fait découvrir Brel, Ferré, Bécaud et ces autres géants-là. Je les ai écoutés et ç’a été une révélation», a-t-il évoqué. «Une année, ils ont monté L’Homme de la Mancha, la comédie musicale que Brel a adaptée en français, a-t-il poursuivi. Je faisais le Sancho de cette versionlà. Comme ça avait été un succès, je l’ai jouée plusieurs fois. Ensuite, Brel est resté dans mon parcours, même quand je faisais de la musique plus classique. (...) Dans mes shows, j’ai toujours chanté Brel.»
SIMON LECLERC
Chef associé de la série OSM Pop et orchestrateur, Simon Leclerc est un grand admirateur de Jacques Brel.
«Quand j’étais plus jeune, mes parents écoutaient du Brel, donc il fait partie de ma vie depuis longtemps, a-t-il relaté. Il demeure, selon moi, le plus grand interprète de la francophonie.»
Au moment de se lancer dans la création des arrangements symphoniques des pièces qui composent le spectacle, Simon Leclerc a préféré s’inspirer de leurs versions piano-voix plutôt que de leurs versions originales.
«Mon but, ce n’était pas de copier les orchestrations originales, parce qu’elles sont magnifiques et qu’il n’y a rien à changer à cela, a-t-il expliqué. Je trouvais ça plus intéressant, surtout dans la perspective d’une certaine évolution artistique, de supposer que ces pièces-là n’avaient jamais été faites autrement qu’avec un piano et de me demander comment je les orchestrerais, à partir de là.»
L’exercice, qui s’est déroulé dans le plaisir, aura surtout rappelé au maestro à quel point Brel est un personnage important dans l’histoire de la musique.
«Ses chansons sont magnifiques, bien pensées et bien construites. Quant aux paroles, elles sont insurclassables. C’est du grand art.»