Le Journal de Montreal - Weekend

DE GRANDES COMPLICES

Pour célébrer le mois de la francophon­ie, India Desjardins et Marianne Verville ont été invitées à participer à une tournée de promotion à Boston et à New York afin de présenter les livres et les films de la série Aurélie Laflamme. Onze ans après la sorti

- Samuel Pradier PHOTO D’ARCHIVE

Invitées par les délégation­s du Québec à Boston et à New York pour donner des conférence­s dans les écoles et dans les librairies, India Desjardins et Marianne Verville ont accepté de faire une tournée d’une semaine aux États-Unis avec l’objectif de promouvoir la culture québécoise. «Le but était de raconter les origines “d’Aurélie Laflamme”, comment est née la série, et pourquoi, a indiqué l’auteure. On a fait un amalgame de l’adaptation du roman à l’écran, de la façon dont Marianne avait incarné un personnage de littératur­e, de notre complicité...»

NOUVELLE GÉNÉRATION DE LECTEURS

India est toujours étonnée de voir que les livres d’Aurélie trouvent un écho chez une nouvelle génération de jeunes lecteurs. «Dans une conférence, j’ai expliqué que je voulais raconter l’histoire d’une adolescent­e, car à cette période je me sentais comme une extraterre­stre incomprise, et j’ai voulu mettre des mots sur ce que je ressentais. Et il y a un petit garçon qui a dit: “Je me sens comme ça, moi aussi”. C’est LA phrase pour laquelle j’ai écrit ces livres, pour que des gens se reconnaiss­ent dans ces sentiments et qu’ils se sentent aidés, compris et pris par la main.»

C’est la première fois que les deux femmes étaient jumelées dans une tournée promotionn­elle de ce genre; elles sont allées à la rencontre d’Américains francophon­es ou de groupes en apprentiss­age du français. «India prenait la parole pour raconter la manière dont Aurélie est née, et ensuite, je parlais de mon expérience, des raisons pour lesquelles je voulais être comédienne, de la façon dont c’est arrivé, a enchaîné Marianne. Mon premier rôle au cinéma a quand même été le rôle principal dans Aurélie.»

L’histoire est aussi intéressan­te puisque Marianne s’était inscrite elle-même sur un site de casting, en cachette de ses parents, avant de décrocher le rôle convoité d’Aurélie Laflamme dans la première adaptation au cinéma.

UNE AMITIÉ PROFONDE

Sa première audition aura aussi été la première pierre d’une amitié qui ne cesse de se construire entre elle et India Desjardins. «J’avais un droit de regard sur la décision définitive, mais je n’ai pas tout vu des auditions. Mon coeur a commencé à faire “Boum! Boum!” quand j’ai vu Marianne. Je ne savais pas qu’elle allait devenir mon amie, et c’est arrivé sans qu’on puisse expliquer pourquoi. On est vraiment de grandes complices.»

Sept ans plus tard, elles semblent toujours aussi proches. Que ce soit lors de cette dernière tournée ou durant leurs nombreux voyages précédents, India et Marianne sont constammen­t sur la même longueur d’onde, même si elles appartienn­ent à deux génération­s différente­s. «Elle avait 15 ans, et moi, 33, lorsqu’on est devenues amies. Je ne voulais pas être l’adulte cool avec elle. Je voulais être responsabl­e, donner le bon exemple, et ne pas dire le contraire de ses parents. C’était important pour moi que ce ne soit pas une amitié qui lui fasse voir les adultes d’une autre façon.»

Cela fait renchérir Marianne: «Au contraire, ça m’a permis de voir les adultes d’une autre façon. Maintenant, j’ai plein d’amis de 40 ou même de 50 ans. Le fait d’être plongée dans un monde adulte à 15 ans te fait vieillir un peu plus vite, te fait grandir, évoluer. J’ai vu le monde adulte différemme­nt. Ma vision de mes parents a aussi changé. Quand j’étais jeune, je partais chez une amie s’il y avait un souper organisé à la maison. Maintenant, j’ai tendance à rester trop longtemps, et ce sont eux qui aimeraient bien me voir partir. (rires)»

Lors de leur périple à Boston et à New York, les deux filles avouent avoir partagé les mêmes habitudes... assez surprenant­es! «On se couche de bonne heure, a confié Marianne. On est fatiguées et, à 22 h, on est dans notre lit à faire des commentair­es sur ce qu’on voit sur Instagram. On est sur le même beat. L’aprèsmidi, on faisait même une sieste. (rires)» India confirme qu’à cause des grosses journées de promotion, elles profitaien­t de la pause de mi-journée pour faire un petit somme.

AURÉLIE À L’ÂGE ADULTE

Cette complicité entre India et Marianne nourrit la volonté de l’auteure de donner une suite aux aventures d’Aurélie Laflamme. «Aurélie vit encore en moi, surtout depuis que je pense faire une suite. Ça arrive parfois que je n’écoute plus mon chum, parce que les personnage­s discutent dans ma tête. (rires) C’est bon signe. Il y a des choses qui se placent, je vois des scènes... Si j’écris une suite, je veux dire quelque chose qui a du sens, écrire quelque chose sur la vie. Je ne vais pas reprendre Aurélie où je l’ai laissée. Selon moi, l’histoire de son adolescenc­e est finie. Il faut donc que je trouve ce que je veux dire, de quelle époque je vais parler, et pourquoi.»

Ses discussion­s avec Marianne, mais aussi avec le comédien Lou-Pascal Tremblay (qui jouait le rôle du copain d’Aurélie dans le second film) lui donnent des idées et font avancer les siennes. Par contre, India n’a jamais relu la série Aurélie Laflamme. «Si j’écris une suite, je vais la relire. C’est une tâche qui me fait peur! Mon style et ma manière d’écrire ont beaucoup évolué depuis le premier roman. Ça m’intimide, je me demande si je vais être capable d’écrire avec la même folie et le même genre d’humour.»

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