Le Journal de Montreal - Weekend

«PAR MA NATURE, JE SUIS ASSOCIÉE AU CINÉMA D’AUTEUR»

Qu’on retrouve Pascale Bussières dans L’autre côté de novembre, un film à petit budget réalisé par Maryanne Zéhil, n’a rien d’étonnant. Qu’elle le veuille ou non, la comédienne québécoise reste associée au cinéma d’auteur.

- Cédric Bélanger Le Journal de Québec cedric.belanger @quebecorme­dia.com – PASCALE BUSSIÈRES L’AUTRE CÔTÉ DE NOVEMBRE

Outre quelques rares exceptions – on pense notamment à Ma vie en cinémascop­e dans lequel elle se glissait dans la peau d’Alys Robi – la filmograph­ie de Pascale Bussières compte peu de films ayant été de grands succès au box-office.

Au cours des dernières années, on a notamment pu la voir dans Anna, de CharlesOli­vier Michaud, Les démons, de Philippe Lesage, et Ville-Marie, de Guy Édoin, dont elle partageait la vedette avec Monica Bellucci.

Elle assure que ce n’est pas par choix si elle apparaît surtout au générique de films d’auteur et qu’elle n’a jamais refusé de rôles dans de grandes production­s québécoise­s.

«Bien que j’aie participé à des projets plus mainstream à la télé (Blanche, Belle-Baie, Mirador), je suis associée au cinéma d’auteur par ma nature, par ce que je dégage, par ce que j’ai fait. Par un effet d’entraîneme­nt, c’est ça qu’on me propose», dit celle qui a fait ses débuts au grand écran dans Sonatine, de Micheline Lanctôt, en 1984.

Même si elle se plaît dans ce type de cinéma, Pascale Bussières ne cache pas qu’elle aimerait qu’on fasse appel à ses services davantage pour jouer dans des films destinés à un vaste public. «Ce serait le fun», confie-t-elle.

CRÉER SOI-MÊME

L’autre enjeu qui touche Pascale Bussières est le même que celui de toutes les actrices: l’âge. À 48 ans, la Québécoise constate que le téléphone sonne moins souvent qu’avant.

«Ce n’est pas affolant, mais je le sens. Heureuseme­nt, il y a beaucoup de rôles dans des séries télé qui prennent le relais. Mais on peut dire que c’est plus tranquille», lance Bussières, qui caresse le désir de créer ses propres projets pour pallier cette baisse de propositio­ns.

«Je veux être en amont dans le processus et générer davantage de projets qu’être à la merci des uns et des autres. C’est plutôt làdessus que je travaille en ce moment.»

Des projets concrets? «Oui, mais rien dont je peux parler», répond-elle.

UN NETFLIX QUÉBÉCOIS ?

Qu’elle passe donc derrière la caméra ou qu’elle continue de jouer, Pascale Bussières est bien consciente que le cinéma québécois, comme tous les cinémas ailleurs dans le monde, vit une période de grands bouleverse­ments et qu’il faudra trouver une solution pour rémunérer les créateurs.

À son avis, la création d’un Netflix québécois, qui regroupera­it toutes les séries et les films d’ici, pourrait être une solution.

«Bizarremen­t, les maisons de production sont encore à la remorque. Pourquoi nous n’avons pas encore une plateforme comme Netflix au Québec? Netflix ne paye rien en redevances. Il n’y a rien qui revient dans l’industrie quand on est abonnés à ce service. Alors qu’une plateforme québécoise pourrait aider à financer une bonne partie de nos production­s.»

PARTIR OU RESTER

Des production­s comme L’autre côté de novembre, un film choral dans lequel Pascale Bussières, dans un rôle secondaire, donne la réplique à Arsinée Khanjian, une comédienne née au Liban, comme la réalisatri­ce Maryanne Zéhil. Et qui se trouve à être l’épouse du brillant cinéaste canadien Atom Egoyan.

Khanjian incarne deux personnage­s: Leyla au Liban et Léa la Québécoise. Le film, dont le récit est campé à deux époques distantes de 40 ans, évoque ce qu’aurait été la vie de Leyla/Léa si elle avait fait le choix de rester dans son pays au lieu d’émigrer au Canada.

«C’est une belle histoire d’apatrides, de gens qui doivent choisir entre partir ou rester et les deuils qui viennent avec. Ce sont des histoires qu’on ne raconte pas beaucoup au Québec, celles de la réalité des immigrants qui sont déracinés et qui voient, avec le temps, ce fossé culturel les rattraper.» L’autre côté de novembre, qui met aussi en vedette Marc Labrèche, Daniel Parent, David La Haye et Nada Abou Farhat, est à l’affiche ce week-end. En 2017, on pourra aussi voir Pascale Bussières dans Nous sommes les autres, de Jean-François Asselin, aux côtés d’Émile ProulxClou­tier, Jean-Michel Anctil, James Hyndman et Valérie Blais.

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