Le Journal de Montreal - Weekend
UNE ÉPOPÉE GRANDIOSE
Charlie Hunnam, Robert Pattinson et Sienna Miller sont parfaits dans cette épopée grandiose de James Gray.
Percy Fawcett (Charlie Hunnam) est un soldat de l’armée britannique, détaché en Irlande lorsque s’ouvre le film en 1905. À l’instigation de son supérieur, il accepte de cartographier une région de la jungle d’Amazonie, située entre le Brésil et la Bolivie, travail qu’il a déjà effectué au Sri Lanka.
Marié à Nina (Sienna Miller), enceinte, déjà père d’un enfant prénommé Jack (Tom Holland l’interprète adulte), Percy s’embarque néanmoins vers l’Amérique du Sud. Avec les membres de l’expédition, dont son aide de camp (un Robert Pattinson méconnaissable), il s’enfonce dans la jungle. Entre les piranhas, les flèches des tribus indigènes et les autres – trop nombreux – dangers, Percy persévère, pris d’une fascination quasi mystique pour ce monde mystérieux qui l’entoure.
Le mysticisme – hors de la notion de religion – est un élément omniprésent de ce The Lost City of Z, qui s’avère être autant un voyage intérieur qu’un film d’aventures. La foi, la conviction profonde qui anime Percy est celle de l’existence d’une civilisation perdue, d’une ville – le «Z» du titre – dont la découverte lui permettra enfin de laver le stigmate de la honte familiale, dû à son père alcoolique.
BARBARIE
De prime abord, Percy est un progressiste pour son époque. Sa femme est d’une indépendance peu commune, il n’est pas convaincu de la supériorité de l’homme blanc, encore moins de celle de la société britannique.
Le retour de Percy en Europe, dans les tranchées de la Première Guerre mondiale, permet à James Gray (Deux amants, Blood Ties ou L’immigrante) d’accentuer encore plus la barbarie des Occidentaux, pourtant déterminés à civiliser les indigènes des contrées lointaines. Mais la foi de Percy n’est pas pure – l’hypocrisie n’est pas que sociétale, elle est également présente dans ce personnage plus grand que nature -, après tout, sa découverte lui servirait à se racheter aux yeux de la société.
James Gray a pris quelques libertés avec l’histoire de Percy, racontée dans l’ouvrage The Lost City of Z de David Grann et qui a servi de source au réalisateur, également auteur du scénario.
Le nombre d’expéditions a été réduit, de même que Percy devient ici un explorateur et militaire, sans mention de ses amitiés littéraires, notamment avec Arthur Conan Doyle, le père de Sherlock Holmes, qui s’est inspiré des écrits de Fawcett pour son Monde perdu.
Mais là où ce long métrage de 140 minutes prend tout son sens, c’est dans l’examen des notions de foi, de prédestination, de destin et de convictions. Et dans ce sens-là, nous sommes tous, à des degrés divers, des Percy Fawcett…