Le Journal de Montreal - Weekend
LE RETOUR RICHARD GERE DE
Norman: The Moderate Rise and Tragic Fall of a New York Fixer ★★★★★
Un film de Joseph Cedar. Avec Richard Gere, Lior Ashkenazi et Michael Sheen.
Deux ans après sa prestation dans Bienvenue au Marigold Hotel 2, Richard Gere endosse les habits d’un juif new-yorkais dans Norman: The Moderate Rise and Tragic Fall of a New York Fixer, cinquième long métrage de Joseph Cedar.
La petite musique se charge, d’entrée de jeu, de nous signifier clairement que si ce film de 117 minutes est un drame, l’aspect comique ne doit échapper à personne. Car, en prenant et en modernisant l’archétype du «juif de cour», Joseph Cedar nous entraîne aux limites de l’absurde.
Norman Oppenheimer (Richard Gere) est un «fixer.» Autrement dit, un négociateur, un entremetteur et un facilitateur. En se servant de ses contacts dans toutes les sphères de la finance et de la politique, il met des gens en rapport les uns avec les autres et leur fait faire de bonnes affaires. C’est ainsi qu’il propose une aubaine financière, un jeu de rachat de la dette israélienne, à son neveu Philip Cohen (Michael Sheen). Dès ce moment, on sent le désespoir chez Norman. Il tente trop de convaincre, à la limite de l’impolitesse sous des airs de gentillesse. On s’aperçoit vite qu’il a beau se vanter d’avoir de nombreux «amis» et de connaître tout le monde, personne ne répond à ses appels.
Par l’un de ces hasards amusants que réserve parfois la vie, Norman se lie d’amitié avec Micha Eshel (Lior Ashkenazi) et, dans un mouvement de générosité, lui paie une paire de chaussures à plusieurs milliers de dollars. Bien lui en pris parce que trois ans plus tard, Micha devient première ministre d’Israël et voue une reconnaissance certaine à notre homme. Voilà donc Norman introduit dans le sein des Saints, ce qui génère une série de catastrophes.
Avec une distribution qui comprend Charlotte Gainsbourg (dans le rôle d’une femme rencontrée dans un train) et Steve Buscemi (en rabbin à qui Norman demande une grande faveur), Norman: The Moderate Rise and Tragic Fall of a New York Fixer intéresse malgré sa lenteur. On ne peut s’empêcher d’éprouver une fascination presque malsaine à assister, impuissant, à la chute de Norman que l’on devine inévitable dès le début.