Le Journal de Montreal - Weekend
ILS ONT TRAHI LEUR PAYS
L’espionnage n’existe pas seulement aux États-Unis, en Russie et en Grande-Bretagne. Des individus, résidants ou de passage au Canada, ont accepté, pour toutes sortes de raisons de trahir leur pays. La série Espions parmi nous raconte l’histoire de ces hommes et de ses femmes dont les actions ont eu un impact sur le cours de l’histoire.
Animé par Michel Juneau-Katsuya, ex-agent au Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS), est derrière cette série de huit épisodes qui débute lundi sur les ondes de la chaîne Historia.
«Mon objectif, a-t-il expliqué, est de faire connaître ces histoires qui se sont déroulées chez nous, qui sont mystérieuses et qui ne sont pas du tout connues du public».
Le spécialiste et analyste, qui se lance pour la première fois dans la production d’une série télé, avait aussi envie de faire découvrir les motivations de ces gens qui ont décidé, un jour, d’espionner pour un pays étranger.
«Les gestes, que ces gens ont posés, ont eu un impact majeur sur leur vie et sur celle de bien des gens», a-t-il mentionné, lors d’un entretien.
Chaque émission de 30 minutes raconte l’histoire d’un espion avec des reconstitutions, des témoignages d’experts, d’enquêteurs et de personnes ayant connu ces gens et des documents d’archives.
L’espionnage, précise Michel Juneau-Katsuya, n’était pas uniquement l’apanage du KGB, des Chinois, des Allemands, des Britanniques et des Français. De l’espionnage, il y en avait aussi au Canada.
«Et contrairement à ce que l’on pourrait penser, le Canada n’était pas considéré comme un Pee-Wee en la matière de contre-espionnage. Il est très bien perçu sur la scène internationale», a-t-il fait remarquer.
ÉLÉMENT DÉCLENCHEUR
Le premier épisode de la saison, diffusé le 1er mai à 19h, est consacré à Igor Gouzenko. Un commis à l’encodage de l’ambassade soviétique à Ottawa qui a volé des documents compromettants pour les remettre aux autorités canadiennes.
L’homme a agi au risque de sa vie après avoir appris qu’il allait être renvoyé en URSS. Gouzenko, qui ne voulait pas retourner vivre dans les conditions difficiles de son pays d’origine, a volé des documents qui révélaient la présence d’un réseau d’espionnage soviétique en Amérique du Nord.
Ces informations ont amené une réorientation et une restructuration des services secrets canadiens.
«Cet incident, survenu en septembre 1945, a déclenché la Guerre froide. C’est quelque chose qui s’est déroulé chez nous», a-t-il expliqué.
La série raconte aussi l’histoire de Victor Spencer, un postier de Vancouver, qui a collaboré avec les Soviétiques, au milieu des années 60, afin de permettre l’établissement d’une base d’espions au Canada.
«Les services soviétiques cherchaient à acquérir une ferme ou un garage afin qu’elle devienne une base permanente, qui aurait permis d’envoyer des espions au États-Unis», a indiqué Michel Juneau-Katsuya.
L’animateur et spécialiste en questions de sécurité et de terrorisme a déjà une deuxième saison de prête, si le succès est au rendez-vous.
Espions parmi nous est diffusé les lundis à 19 h, à coup de deux épisodes, avec des rediffusions les jeudis et vendredis, sur Historia.