Le Journal de Montreal - Weekend

BRÛLAIT LA CHANDELLE PAR LES DEUX BOUTS

Chaque semaine, dans le cahier Weekend, Le Journal retrouve pour vous des artistes d’une autre époque, qui ont connu la gloire, puis ont disparu. Vous aimeriez qu’on retrouve l’idole de votre jeunesse? Écrivez-nous à @quebecorme­dia.com«ON raphael.gendron

- Raphaël Gendron-Martin

À la fin des années 1980, tous les espoirs étaient permis pour le groupe anglophone montréalai­s The Box, qui rêvait alors d’une carrière internatio­nale. Mais après une percée ratée aux ÉtatsUnis, la formation se séparait, en 1993. «C’est l’aventure américaine qui nous a tués», dit Jean-Marc Pisapia, qui a relancé The Box en 2004 avec de nouveaux musiciens. Aujourd’hui, le chanteur de 59 ans partage son temps entre les salles de concert et ses deux galeries d’art.

Depuis sa réunion en 2004, The Box est encore très actif aujourd’hui au Québec et au Canada anglais. «Curieuseme­nt, on est toujours en dessous du radar, dit JeanMarc Pisapia, rencontré au Café Campus, où le groupe jouera samedi soir. On a fait six chansons à Star Académie en 2008. Et on est allés souvent faire En direct de l’univers et Belle et Bum. On est très présents, mais on dirait que ça n’allume pas.»

Ne croyez pas que Jean-Marc Pisapia s’en plaint. Loin de là. Le chanteur est même très heureux de la «deuxième vie» de The Box. «Les années 1980 ont été géniales, mais c’était le cas typique du citron trop pressé, dit-il. Il y avait bien trop de shows pendant l’année. En 1987 et 1988, on a fait plus de 250 spectacles dans une année. On était tout le temps sur la route.»

MUSIQUE ET PEINTURE

Aujourd’hui, The Box donne environ une vingtaine de concerts par année, principale­ment durant l’été. «Ce n’est que du plaisir. On fait surtout des festivals extérieurs maintenant, dit Pisapia. On joue beaucoup en Ontario et au NouveauBru­nswick. Le Québec, ça va par cycle.»

«À notre âge, ça nous va très bien, ajoutet-il. On est tous des gens de famille. On a des occupation­s en dehors de ça. Moi, je m’occupe de deux galeries d’art à MontTrembl­ant. On n’est plus dans le cycle infernal de tout le temps être dans l’auto, de se réveiller le matin à moitié beurré et de retourner faire un show le lendemain. On brûlait la chandelle par les deux bouts avant. Ça ne m’intéresse plus du tout, cette affaire-là. Been there, done that!»

LA FIÈVRE DES PLANCHES

Jean-Marc Pisapia, qui fêtera ses 60 ans en novembre prochain, mentionne toujours ressentir la «fièvre des planches». «Ce n’est pas un cliché, c’est une réalité. Quand tu l’as, ça ne te lâche pas. L’âge n’a aucune espèce d’importance.»

Au sujet des belles années du groupe, de 1984 à 1990, le chanteur n’a que peu de regrets. «Techniquem­ent, il y a des erreurs monumental­es qu’on a faites, que je ne répéterais pas, dit-il. Comme de signer [un contrat] avec un label canadien qui t’envoie ensuite en licence avec un label américain. Pour le reste, s’il fallait que je refasse ma vie, c’est bien évident que je la referais de la même manière. J’aurais encore un band, c’est sûr. Ça n’a été que du bonheur.»

C’est en 1990 que The Box a vécu une grande déception, avec la compagnie de disques Capitol-EMI, qui l’a tout simplement laissé tomber, aux États-Unis. «En même temps que notre album, ils ont sorti un coffret des Beatles qui s’appelait The Cube. Tu ne sors pas un album The Box avec un truc The Cube en même temps! dit Pisapia. Ç’a été la gaffe.»

FAIRE SON DEUIL

En revenant des États-Unis, la moitié du groupe avait décidé de quitter le navire. Comment Jean-Marc Pisapia a-t-il vécu les années suivantes?

«J’ai été obligé d’en faire un deuil. Mais j’ai eu des enfants à ce moment-là, en 1989 et 1990. Je me suis donc retrouvé à la maison à changer des couches et à voir mes filles grandir. Pour payer les comptes, j’ai commencé à faire de la musique publicitai­re. C’est devenu très payant, très vite. Je n’ai pas vraiment regretté tout le côté dur que ça représente d’avoir un groupe et d’être sur la route.»

«J’ai vu mes filles grandir. C’est tout le contraire du chanteur de rock typique qui est tout le temps sur la route et qui ne voit jamais ses enfants. Moi, mes enfants partaient de la maison et j’étais dans mon studio. Et quand elles revenaient de l’école, j’étais là. Si ça se trouve, ce sont mes filles qui ont dit: “Tu ne pourrais pas faire de l’air, des fois?” (rires) Ç’a été génial. Si ça fait 30 ans que je suis avec la même femme, c’est probableme­nt pour ça. Parce que si les choses avaient décollé comme une folie, comme on en rêvait à l’époque, je ne suis pas sûr que mon mariage aurait survécu à ça.» The Box jouera au Café Campus le samedi 13 mai à 20 h. Pour les détails: cafecampus.com.

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Le leader du groupe The Box, Jean-Marc Pisapia, ressent toujours la fièvre des planches.

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