Le Journal de Montreal - Weekend
UNE (TROP) LONGUE AGONIE
Quand on pense à Louis XIV, on pense au monarque flamboyant, à Versailles, aux guerres et à la débauche. On ne pense jamais aux dernières heures du Roi-Soleil, monarque au règne le plus long de l’histoire de France, avec ses 72 ans sur le trône.
C’est cette méconnaissance à laquelle le cinéaste Albert Serra se propose de remédier avec La mort de Louis XIV, mettant JeanPierre Léaud dans le rôle du souverain.
Souvent filmé de profil, coincé dans son lit d’agonie, perruque solidement vissée sur la tête, ce Louis XIV n’a plus rien de majestueux, même si les courtisans et médecins lui donnent du «sire» à qui mieux mieux. Sa jambe est gangrénée et il ne peut bouger qu’à l’aide d’un fauteuil roulant.
Les médecins pérorent, discutent et s’ébahissent d’être tous du même avis. Leurs dialogues sont surréalistes. «Les maladies sont une sublimation du corps», disent-ils, avant de parler de trépanation (!) pour «tout remettre en mouvement», comme si d’ouvrir le crâne de ce vieillard de 76 ans pouvait le rendre immortel.
Au-delà de la cruauté de ces moments, Albert Serra montre aussi le fonctionnement politique et militaire du pays, Louis XIV continuant, en pleine agonie, à prendre connaissance de certains dossiers.
Adaptation des Mémoires de Saint-Simon et des Mémoires du Marquis de Dangeau, le scénario, coécrit par le cinéaste, se veut aussi fidèle que possible à la réalité. Comme l’a d’ailleurs expliqué Albert Serra, «certaines de ses paroles y sont rapportées mot pour mot, tout comme les états successifs de la jambe malade du monarque».
Le tout est non seulement sordide, mais d’une lenteur exaspérante, avec ses 115 minutes de détails, de râles, de cris et de douleurs.