Le Journal de Montreal - Weekend
Revisiter un classique de Shakespeare
Le Festival TransAmériques (FTA), qui en est à sa 11e édition, présentera pas moins de 27 spectacles, dont 10 pièces de théâtre d’ici et d’ailleurs. Une belle occasion de voir ce qui se fait à l’étranger!
Parmi les pièces étrangères qui seront à l’affiche, on présentera en première nordaméricaine, la célèbre pièce de Shakespeare, Antoine et Cléopâtre. Si les versions cinématographiques se sont succédé, les productions théâtrales de cette pièce n’ont pas été boudées non plus, avec une première présentation dès le début des années 1600. Cette fois, la version qui sera jouée à l’occasion du FTA, en est une produite à Lisbonne, au Portugal, et que l’on qualifie de chamanique.
PASSION ET SENSUALITÉ
Cette pièce, où il est question d’amour complexe, de pouvoir politique, de guerre, de suicide et de tragédie, est reconnue pour plaire aux spectateurs passionnés d’histoire. On peut notamment penser à la vibrante version cinématographique de 1963 où Elizabeth Taylor et Richard Burton interprétaient le couple mythique. Aujourd’hui, les formes théâtrales changent, mais une chose demeure, plus présente que jamais: la passion. C’est, à tout le moins, l’avis de la critique française qui avait été éblouie par cette version portugaise revisitée, présentée au Festival d’Avignon en 2015.
«Antoine et Cléopâtre est une de mes tragédies préférées de Shakespeare», confie le metteur en scène, Tiago Rodrigues, qui dirige depuis 2015 le Teatro Nacional Dona Maria II, à Lisbonne.
Pour le metteur en scène, cette histoire d’amour et de passion est bien loin de la naïveté de celle de Roméo et Juliette. «Antoine et Cléopâtre ont tout vécu, ce sont des personnalités d’État qui ont menti et tué, en plus d’être cruelles», rappelle Tiago Rodrigues. Néanmoins, ce couple souhaite vivre un amour profond qui surpasse la richesse et l’ambition. «Ils font le choix conscient de tout abandonner», ajoute le concepteur qui a, en partie, réécrit cette tragédie historique d’un couple royal.
ALLER À L’ESSENTIEL
Si la version originale compte 40 personnages et nécessite de gros budgets, Rodrigues – qui clame ne pas avoir une telle somme – a plutôt choisi d’épurer la production. En effet, cette version d’Antoine et Cléopâtre sera portée uniquement par les deux principaux personnages, Sofia Dias et Vitor Roriz, pour raconter l’histoire de celle qui deviendrait la dernière reine d’Égypte.
C’est principalement parce qu’il souhaitait travailler avec le couple de danseurs et chorégraphes vedettes qu’il a créé une nouvelle mouture, empreinte d’une grande virtuosité. L’histoire ira droit à l’essentiel, soit l’amour d’un homme et d’une femme épris l’un de l’autre. Les spectateurs vibreront au rythme de chorégraphies encadrées par une scénographie très épurée.
«Je préfère ne pas montrer les morts et le sang», confie le metteur en scène qui s’est fait connaître au Québec avec la pièce By Heart, laquelle a été traduite en quatre langues.