Le Journal de Montreal - Weekend
UNE HISTOIRE INTEMPORELLE
Depuis le 12 mai, la plateforme de vidéo sur demande Netflix offre les épisodes de la nouvelle adaptation du roman Anne… la maison aux pignons verts, l’oeuvre indémodable de la Canadienne Lucy Maud Montgomery.
L’histoire d’Anne... la maison aux pignons verts est bien connue: une orpheline débarque par erreur chez un frère et une soeur vieillissants, qui verront leurs vies transformées par cette rouquine à l’imagination fertile et à la langue bien pendue. À des lieues de la populaire minisérie des années 1980, mettant en vedette Megan Follows, la nouvelle minisérie se veut une réinterprétation pour une toute nouvelle génération. L’auteure rend bien sûr hommage à cette oeuvre phare de la culture canadienne qui a séduit des millions de lecteurs à travers le monde. Mais elle s’en détache aussi afin d’explorer davantage les thèmes, à la fois intemporels et très actuels, que sont l’identité, le féminisme, les préjugés et l’intimidation. «J’ai l’impression que cette adaptation est totalement différente, a confié la scénariste, Moira Walley-Beckett, à une journaliste de CBC. On s’éloigne du livre. Nous en gardons l’essence, son coeur et son âme, les moments emblématiques que tout le monde a très hâte de voir, mais nous racontons une nouvelle histoire.»
La nouvelle version de cette série culte se veut avant tout plus réaliste. «C’est une version très terre à terre et très réaliste de l’histoire, a précisé la scénariste. La vie sur l’Île-du-Prince-Édouard à la fin des années 1800 était très difficile, ardue et laborieuse. C’était sale et couvert de boue rouge. La météo, les saisons... Ça aussi, ça fait partie de notre histoire. Ce n’est pas juste des napperons au crochet et des tasses de thé: c’est la vraie vie!»
LA NOUVELLE ANNE
Pas moins de 1889 jeunes filles ont auditionné pour le rôle d’Anne Shirley. L’an dernier, la productrice Miranda de Pencier était ravie d’annoncer qu’ils avaient enfin déniché la perle rare: Amybeth McNulty. «Elle est captivante à l’écran, a-t-elle déclaré à propos de la nouvelle venue de 15 ans. Elle est translucide. On peut voir chacune de ses pensées et de ses émotions.»
Née en 2001 en Irlande, Amybeth McNulty est loin d’être totalement étrangère aux racines de son personnage, puisque sa mère est originaire du Canada. Outre son extraordinaire ressemblance physique avec l’orpheline décrite par Lucy Maud Montgomery, Amybeth dit aussi partager plusieurs traits de caractère avec celle-ci. «Elle regarde le monde qui l’entoure avec beaucoup d’affection, et je crois que je suis comme ça aussi», a confié l’adolescente, qui, tout comme Anne, est également une amoureuse des livres.
Aux commandes de la première saison de huit épisodes, on retrouve la scénariste Moira Walley-Beckett. Gagnante de trois prix Emmy, cette dernière a travaillé sur plusieurs productions télé, dont la série américaine populaire Breaking Bad. Également productrice, elle travaille avec une équipe composée entièrement de femmes, dont Miranda de Pencier, qui incarnait Josie Pye aux côtés de Megan Follows en 1985!
En plus d’être sans cesse comparée au
roman original et aux adaptations passées,
Anne doit aussi subir les comparaisons avec le téléfilm L.M. Montgomery’s Anne
of Green Gables. Cette adaptation somme toute plus conventionnelle met notamment en vedette la jeune Canadienne Ella Ballentine, dans le rôle d’Anne Shirley, et l’acteur hollywoodien Martin Sheen, dans le rôle de Matthew. Diffusé en février 2016 sur YTV au Canada anglais, puis partout dans le monde, le premier volet a obtenu un tel succès que deux autres téléfilms sont attendus pour 2017.
UN CLASSIQUE REVISITÉ
Si on écoute la version originale anglaise, on remarque que la langue française occupe une place plus importante que dans les adaptations précédentes de cette oeuvre résolument canadienne. Ainsi, le petit Canadien français Jerry Baynard, qui aide Matthew sur la ferme, est devenu un personnage à part entière. Incarné par le Québécois Ayméric Jett Montaz, celui qui n’avait que deux répliques dans Anne… La maison aux pignons verts, s’exprime souvent dans sa langue maternelle et ne comprend pas toujours Anne, qui l’accable de ses grands mots compliqués! Les rôles de Marilla et Matthew ont été confiés à Geraldine James, une actrice britannique qu’on a pu voir dans Millénium: Les hommes qui
n’aimaient pas les femmes et Sherlock Holmes, ainsi qu’au Canadien R.H. Thomson, qui interprétait le timide Jasper Dale dans la série Les contes d’Avonlea.
Le nouveau scénario d’Anne offre une place de choix à Gilbert et à son jeune interprète, Lucas Jade Zumann. Alors que le personnage, autrefois incarné par le regretté Jonathan Crombie, participe davantage à l’action dans les suites (Anne
d’Avonlea, Anne quitte son île, etc.), les intrigues imaginées par Moira WalleyBeckett lui permettent d’interagir davantage avec Anne et les autres habitants du village. Âgé de 16 ans, le jeune homme de Chicago, Lucas Jade Zumann, en est déjà à son deuxième grand rôle. On a notamment pu le voir cette année dans le film Les femmes du
20e siècle, aux côtés d’Annette Bening et d’Elle Fanning.
UN DÉCOR CANADIEN
Le tournage de la première saison s’est déroulé à l’automne 2016 à l’Île-du-PrinceÉdouard, ainsi que dans la région de Toronto, en Ontario. «Partout où l’on regarde, c’est comme une carte postale», a raconté Amybeth McNulty au sujet de son séjour sur l’île. Si la série a été diffusée sous le nom d’Anne sur les ondes de CBC, elle s’intitulera plutôt Anne With An E sur Netflix.