Le Journal de Montreal - Weekend

SOUVENIRS DE VOYAGES

- Gilles Proulx

Depuis que je suis tout petit, et je ne suis plus une jeunesse, j’entends parler d’Haïti, la perle des Antilles… qui reluit de moins en moins.

Sur les bancs d’école, les religieux nous parlaient des missionnai­res qui oeuvraient, sur cette terre, à christiani­ser des gens qui parlaient notre langue. Nous avions de la sympathie pour cette île lointaine. Pourtant, 60 ans plus tard, ce pays est à la case zéro. Et quand ses affaires vont un peu mieux, des catastroph­es ou des coups d’État aggravent davantage la situation. Une Haïti prospère semble une utopie.

Et dire que, dans nos lointains souvenirs napoléonie­ns, cette île était de loin la plus riche et belle. Elle produisait quantité de canne à sucre, de tabac, de fruits et légumes, etc. Elle faisait l’envie de ses voisines. Première colonie à se libérer du joug colonial, avec le général Toussain Louverture, ses affaires ont piqué du nez... Les grandes puissances qui méprisaien­t ce pays d’esclaves émancipés ont tout fait pour l’étouffer ou pour ne pas le traiter d’égal à égal. La France a exigé des «réparation­s» exorbitant­es, qui ont grevé les finances du pays. D’une dictature à l’autre, Haïti semble jouer aux serpents et aux échelles; récemment, il y a des présidents élus, mais ça ne va guère mieux.

À ma dernière visite, quelques mois après le tremblemen­t de terre de janvier 2010, je constatais, tristement, mais sans surprise, que l’argent devant servir à la reconstruc­tion semblait être allé ailleurs… Ici, la seule chose qui soit organisée, c’est le désordre! Le pays voisin, la République dominicain­e, qui est loin de rouler sur l’or, passe pour Monaco en comparaiso­n. Touristiqu­ement parlant, des bateaux de croisière ont commencé à s’arrêter – bravo! Des hôtels modernes ont été bâtis. Mais le retard à rattraper est énorme. De tous les pays du monde que j’ai visités, celui-ci est le plus découragea­nt… Pauvre Haïti.

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