Le Journal de Montreal - Weekend
ENTRE DEUX CONTINENTS
En 1990, le Québec tombait sous le charme de Patrick Bruel, grâce à son foudroyant succès Casser la voix. Au fil de ses visites, une véritable histoire d’amour s’est tissée entre la star française et le public d’ici. Depuis, pour Patrick, tous les prétext
Patrick, vous semblez surpris de l’amour que vous portent les Québécois. Pourtant, ça fait presque 30 ans qu’on craque pour votre musique!
Dans la vie, je ne tiens rien pour acquis... et surtout pas les Québécois! Vous êtes à 6000 km de la France; un océan nous sépare! Un artiste, c’est comme un sportif qui remet son titre en jeu chaque fois aux Jeux olympiques. Vous auriez pu m’oublier rapidement, mais à mon grand bonheur, ce n’est pas le cas.
Quel est votre plus beau souvenir au Québec?
En 2015, j’ai donné un spectacle sur les plaines d’Abraham, dans le cadre du Festival d’été de Québec. Des milliers de personnes se sont déplacées pour assister au show malgré la pluie; c’était une magnifique déclaration d’amour. Mais mon plus beau moment en sol québécois reste mon spectacle avec l’OSM. C’était complètement fou! Quand j’y repense, j’en ai encore des frissons.
Ces derniers mois, vous passez beaucoup de temps dans les avions, puisque vos fils habitent maintenant avec leur mère, à Los Angeles.
Après notre divorce, en 2007, j’étais habitué à voir mes enfants une semaine sur deux. Il est donc très difficile pour moi d’être séparé de Léon et d’Oscar durant plusieurs semaines. Depuis septembre dernier, j’ai fait à plusieurs reprises l’aller-retour Los Angeles-Paris, un trajet de 14 heures d’avion en tout! Ça fait un mois que je n’ai pas vu mes fils. On a beau rester en contact via Facetime, se parler, s’écrire… au bout d’un moment, ça ne suffit plus. J’ai envie de les prendre dans mes bras!
Vos fils ont-ils hérité de vos gènes d’artiste?
Est-ce que l’amour de la musique et des arts se transmet par les gènes? Je ne crois pas. Je crois que c’est, en grande partie, l’éducation qui façonne la personnalité des enfants. Léon et Oscar ont grandi dans un environnement extrêmement favorable à la musique, à l’écriture, au théâtre et au cinéma (leur mère, Amanda Sthers, est auteure et réalisatrice). Ils ont un attrait pour tout ce qui est artistique, mais ils s’intéressent à plusieurs autres choses! (...) Comme les jeunes de leur génération, ils sont ouverts sur le monde!
Vous parlez sans problème de vos enfants en entrevue, mais vous ne montrez aucune photo d’eux sur les réseaux sociaux. Pourquoi?
C’est un choix que mon ex-femme et moi avons fait lorsqu’ils étaient bébés, et on a continué comme ça. Certains artistes choisissent d’exposer leurs enfants au public; c’est leur choix, mais ce n’est pas le mien. Je désire qu’ils vivent leur propre vie, indépendamment de celle de leurs parents.
Et s’ils demandent un jour d’être dans les médias avec vous?
Là, j’aurais vraiment l’impression d’avoir raté quelque chose, je ne comprendrais pas. À 10 et 13 ans, Oscar et Léon désirent exister par eux-mêmes, ils sont indépendants. Ils apprécient leur vie telle qu’elle est, avec la belle liberté qu’offre l’anonymat. (Patrick fait une pause). Oh là là... il faut arrêter de parler de mes garçons, je crève d’envie de les voir! Si on continue, je saute dans un avion en direction de Los Angeles.
Dans votre dernière tournée, vous rendiez hommage à la chanteuse française Barbara en interprétant entre autres, Ma plus belle histoire
d’amour. Quelle est votre plus belle histoire d’amour?
Dans cette chanson, Barbara dit que sa plus belle chanson d’amour, celle qui a duré le plus longtemps, c’est celle avec son public. Moi, ma plus belle histoire d’amour, c’est celle que j’ai avec mes enfants. Mon parcours professionnel, le lien que j’entretiens avec le public, c’est une magnifique histoire d’amour aussi. Mais ma carrière pourrait s’arrêter demain, et je serais encore heureux, puisque j’ai mes enfants!
La tournée Très souvent, je pense à vous... s’est conclue au Québec en avril dernier. Quels sont vos projets pour les prochains mois?
Je suis en train d’écrire un album, mais je ne vous en dirai pas plus. Je suis un peu superstitieux sur ce point. Je peux par contre vous dire que quelques idées de chansons sont nées au Québec! Lorsque j’ai une idée, je l’enregistre immédiatement sur le dictaphone de mon iPhone. Lorsque je suis prêt à travailler mes chansons, je m’assois à une table, je m’arrange pour que personne ne vienne m’emmerder, et je travaille sans relâche.
Et quand aurons-nous la chance de vous revoir?
Mes visites au Québec ne sont jamais organisées longtemps d’avance. Cela dit, j’ai bien envie de participer aux festivités du 375e anniversaire de Montréal. Mon équipe et moi en sommes à orchestrer tout ça. Donc, je serai probablement de retour ici cet été. Je laisse rarement passer plus de deux ans sans venir faire mon tour au Québec. La seule période de ma vie où j’étais moins présent ici, c’est lorsque mes enfants étaient petits. Je voyageais moins afin d’être le plus possible avec eux.