Le Journal de Montreal - Weekend
LE RETOUR ESPÉRÉ DES HOUSE BANDS
Dans la recette traditionnelle du talk-show, le «house band» a toujours occupé une place de choix. Si la tendance au Québec l’avait mise au rancart, il fait un retour en force cet été. Les échangistes, Le beau dimanche et Y’a du monde à messe mettent tous
«Il y a des courants», observe le directeur musical Alex McMahon, qui mène la chorale de Y’a du monde à messe. «Dans les années 70, il y avait des big bands à la télé. Quand j’ai commencé en télé, il y avait des concepts comme Studio 12 purement voués au rayonnement de la musique d’ici. Ensuite, plusieurs émissions musicales ont mis de l’avant des gens du public, comme La Voix ou
Un air de famille. Là, on assiste à un retour de la musique en réinventant la chanson d’un artiste, en la maquillant gospel par exemple, pour ne pas répéter ce qui aurait été fait et éviter le zapping.»
La fameuse peur du zapping préoccupe tous les créateurs télé. «Une bonne performance dans une bonne émission va fonctionner», tranche Guillaume Lespérance, coproducteur du nouveau rendez-vous hebdomadaire Le beau dimanche. «En direct de l’univers propose des performances exceptionnelles et les cotes d’écoute sont excellentes. On cherche tout le temps un concept gagnant pour toutes les parties.»
«Quand on a commencé à développer, il y a presque deux ans, le concept de
Beau dimanche, Jean-Philippe Wauthier et moi, c’était clair qu’on voulait retourner à la base du talk-show avec une formule classique et simple. C’est l’fun d’avoir un band sur une émission. Le house band a toujours été dans les plans. Le décor a d’ailleurs été pensé pour qu’il y ait un grand espace capable d’accueillir autant une petite formation qu’un gros groupe.»
«On a beaucoup critiqué le fait qu’il n’y avait pas de band l’année dernière sur Les échangistes», se souvient son animatrice Pénélope McQuade. Sur Pénélope, on pouvait faire des découvertes, on présentait nos coups de coeur et ça fonctionnait bien, on recevait plein de beaux commentaires. Mais il fallait bien positionner nos échangistes et donner le ton au show qui était nouveau. En talkshow, on a beau essayer de réinventer la façon de livrer le monologue, de faire des sketches ou pas, il reste qu’un band, c’est la première chose que les gens remarquent, ça drive le public.» CRÉER DES MOMENTS
«Il n’y a pas tant de place pour la musique à la télé», poursuit Pénélope.
«En direct de l’univers, Belle et Bum. Il n’y a plus non plus de magazine culturel. La place de la culture diminue. On perd un lien important avec le public et avec le milieu culturel.» Cette saison,
Les échangistes ont accueilli un band maison mené par Joseph Marchand. Chaque soir, des artistes s’y produisent, en solo ou en duo, créant des interprétations exclusives. «Beaucoup d’émotions passent par la musique», ajoute Pénélope McQuade.
«Nous avons tous un désir de dépassement et une pression de créer des moments de télévision. C’est pour ça qu’on propose aux artistes de sortir de leur zone de confort, de relever un défi, d’en mettre plein la vue, le coeur, les oreilles et la tête au public. Beyries a chanté avec Paul Daraîche. Ça a suscité de l’engouement. On redécouvre les palettes des voix d’Alex Nevsky et de Vincent Vallières quand ils empruntent les mots de l’autre. Mais on respecte aussi la philosophie de ceux qui préfèrent chanter leur chanson. Ils ont des salles à remplir», poursuit l’animatrice.
«On voit qu’il n’y a pas beaucoup d’endroits où les artistes peuvent faire leurs propres tounes. On a eu envie avec Le
beau dimanche, en changeant de groupe chaque semaine, de créer de petits événements pour que le public, y compris les gens en studio, vive quelque chose», explique Guillaume Lespérance. «Mais c’est aussi un risque car un house band fait aussi des allers et retours de pause, la musique d’ouverture. On leur apprend chaque semaine. Mais les artistes sont généreux et excités. Les Trois Accords ont donné toute une performance, par exemple, et c’était leur chanson.»