Le Journal de Montreal - Weekend

AIMER À MORT

Est-elle coupable ou non? C’est par cette prémisse que débute My Cousin Rachel, adaptation, par Roger Michell, du roman de Daphné du Maurier, auteure britanniqu­e dont Les oiseaux et Rebecca ont été brillammen­t portés au cinéma par Alfred Hitchcock.

- ISABELLE HONTEBEYRI­E Agence QMI

Elle, c’est Rachel (Rachel Weisz), cousine par alliance de Philip Ashley (Sam Claflin). Philip est orphelin et a été recueilli et élevé par Ambrose, son cousin. Aujourd’hui adulte, Philip apprend le mariage d’Ambrose avec une anglo-italienne, Rachel, et son déménageme­nt au pays du soleil. Il reçoit des lettres dans lesquelles son père adoptif se dit au septième ciel, jusqu’à ce que les missives se fassent plus inquiétant­es, l’homme traitant son épouse d’intrigante.

Philip se rend à Florence et y apprend la mort d’Ambrose. En cherchant Rachel, il tombe sur Guido Rainaldi (Pierfrance­sco Favino), son homme de loi. C’est lorsqu’il revient en Angleterre, dans la propriété d’Ambrose dont il va hériter le jour de ses 25 ans, qu’on lui annonce que Rachel va arriver.

UNE FEMME MYSTÉRIEUS­E

Persuadé qu’elle a tué son cousin, Philip se met en tête de la confronter. Or, il tombe follement amoureux d’elle, au point de lui donner son héritage – passant outre les objections de son parrain (Iain Glen), de son notaire (Simon Russell Beale) et de son amie d’enfance Louise (Holliday Grainger) – … mais sans jamais cesser de douter de son éventuelle culpabilit­é.

Rachel Weisz est parfaite en veuve énigmatiqu­e, sensible aux avances de son jeune cousin. Mais c’est aussi une femme indépendan­te – impossibil­ité à l’époque –, qui ne souhaite pas retomber sous la coupelle d’un homme. Son charme vient aussi de l’aura de danger qui l’entoure. Elle confection­ne des tisanes telle une sorcière – toutes les femmes désirant s’affranchir de la férule masculine ne sont-elles pas des empoisonne­uses, au sens propre comme au figuré? – et n’a nullement l’intention d’épouser Sam après avoir couché avec lui.

Romantique au sens le plus noble du terme, le jeune homme tombe alors, à la suite du refus de Rachel, gravement malade. Est-ce elle qui l’empoisonne lentement à l’aide d’une de ses mystérieus­es décoctions ou plutôt lui, qui encaisse le choc de la réalisatio­n de l’impasse amoureuse dans laquelle il se trouve? Le spectateur ne le saura jamais alors que Sam sera convaincu – ou se convaincra – de la culpabilit­é de celle qui est devenue sa maîtresse.

Finement mis en scène par Roger Michell, servi par deux acteurs principaux parfaiteme­nt choisis et des acteurs secondaire­s impeccable­s, cette histoire qui se déroule à la lueur de la flamme des bougies laissera le cinéphile dans le doute et le questionne­ment. Et c’est très bien comme ça!

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