Le Journal de Montreal - Weekend

DÉCOUVRIR L’HISTOIRE DE L’EMPRESS OF IRELAND

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Le naufrage de l’Empress of Ireland, survenu dans la nuit du 29 mai 1914 au large de Pointe-au-Père, près de Rimouski, est passé inaperçu dans l’actualité de l’époque, à cause du déclenchem­ent de la Première Guerre mondiale au cours de l’été 1914… Pourtant, «cette tragédie survenue deux ans après le naufrage du Titanic fait partie des plus grandes catastroph­es maritimes du début du 20e siècle», affirme Annemarie Bourassa du Site historique maritime Pointe-au-Père.

Avec un nouveau musée et une salle d’exposition de 3800 pieds carrés, inaugurés le 29 mai dernier, jour du 103e anniversai­re du naufrage, le Site historique maritime Pointe-au-Père fait revivre l’histoire de cette terrible tragédie.

Ce navire transatlan­tique de la Canadian Pacific Steamship, qui assurait la liaison régulière entre Québec et Liverpool en Angleterre, en était à sa 192e traversée, lorsque, au milieu d’un épais banc de brume, il fut frappé sur le côté droit par le charbonnie­r norvégien Storstad qui remontait le fleuve en direction de Montréal. L’Empress coula en 14 minutes, à 13 kilomètres de la côte, emportant avec lui 1012 victimes parmi les 1477 passagers qu’il transporta­it. Des 138 enfants à bord, seulement quatre survécuren­t.

La nouvelle exposition débute avec l’épave du navire, incliné sur son flanc. Puis tout le long d’un parcours, ponctué d’objets, de maquettes, photos et bornes interactiv­es, nous remontons le cours de l’histoire. Tout d’abord l’histoire des plongées et surtout celles qui ont suivi le naufrage: 20 scaphandri­ers se sont employés à remonter le coffre-fort, 318 sacs postaux, 212 lingots d’argent et 250 dépouilles.

Dans une pièce centrale représenta­nt le navire, on peut voir à travers 14 hublots (qui représente­nt les 14 minutes de la tragédie) des artefacts significat­ifs du naufrage. On y trouve aussi la cloche de brume de l’Empress of Ireland et on y lit des récits touchants sur les passagers, tel ce couple d’amoureux en voyage de noces ou encore le témoignage de William Clark, chauffeur dans la salle des machines qui a aussi survécu au naufrage du Titanic. «Le Titanic a sombré comme un bébé qui s’endort… L’Empress a roulé comme un cochon dans la boue», image-t-il.

L’exposition regroupe de nombreux objets (chauffe-eau, bouilloire à oeufs, chaudrons, trousse de barbier, bouteille de médicament…) témoins de l’époque et de la vie à bord du navire. Mais la nouvelle acquisitio­n du musée, qui demeure inestimabl­e pour le directeur Serge Guay, ce sont les lettres de poupe du navire: «Empress of Ireland Liverpool». Pendant deux ans, les plongeurs Dany St-Cyr et Pierre Lepage ont réussi à retrouver et remonter cette collection de lettres au terme d’une centaine de plongées à 140 pieds de profondeur. «Il n’y a rien de plus précieux», souligne M. Guay. Enfin la dernière salle d’exposition apporte un éclairage sur l’époque des navires transatlan­tiques; L’Empress of Ireland, pour sa part, construit en 1906 dans un chantier en Écosse, se démarquait par sa rapidité et il était populaire auprès de toutes les classes sociales. Un spectacle multisenso­riel permettant de revivre l’atmosphère du dernier voyage de l’Empress complète cette exposition.

Le nouveau musée réalisé au coût de 1,8 million $ s’ajoute aux installati­ons du Lieu historique national du Phare-dePointe-au-Père qui inclut le phare de 1909, la maison du gardien, le hangar de la corne de brume et le sous-marin Onondaga.

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Une maquette de l’Empress of Ireland La plus importante acquisitio­n du musée: les lettres à la proue du navire Les trois hommes qui ont découvert l’épave en 1964 Le gouvernail du navire

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