Le Journal de Montreal - Weekend
LE PARI FOU D’ANDY SERKIS
Il y a beaucoup d’appelés, mais peu d’élus au royaume des suites et réinventions de franchises populaires. Pourtant, en devenant César, chimpanzé doté de la raison et de la parole dans la nouvelle trilogie de La planète des singes, Andy Serkis s’est impos
« Ce film en est vraiment un de performance d’acteurs », dit sans relâche Andy Serkis, soutenu par Joe Letteri, directeur des effets spéciaux de La guerre de la planète des singes.
Rejoints à Austin, au Texas, où ils rencontraient les journalistes à l’occasion de la sortie du troisième volet de cette saga, les deux hommes, qui ont commencé à travailler ensemble dans le cadre du Seigneur des anneaux : les deux tours, en 2002, insistent sur l’équilibre délicat entre effets visuels et jeu d’acteur, et voient l’avenir de la captation de performance avec un optimisme prudent. Une journée type sur le plateau de La guerre de la planète des singes ? C’était une équipe de 50 personnes consacrée aux effets visuels et supervisée par Joe Letteri, entre 35 et 45 caméras de captation de performance, en plus du personnel chargé de compiler de l’information sur le terrain, la végétation ainsi que les acteurs.
MAÎTRISE TECHNIQUE
Car un long métrage comme celui-ci nécessite une importante maîtrise technique, même si le scénario, coécrit par Mark Bomback et le réalisateur Matt Reeves, suit la soif de vengeance de César après la tuerie perpétrée par les hommes du Colonel (Woody Harrelson) McCullough.
« Matt s’est évertué à créer, sur le plateau, un espace pour que les acteurs puissent s’exprimer. Il y a énormément de pression lorsque nous tournons dans des conditions difficiles, qu’il s’agisse du terrain, de la météo ou de la technique, puisqu’il faut que les caméras de captation de performance soient positionnées de manière précise », indique Andy Serkis.
« Nous répétons encore et encore. Nous répétons chaque scène en détail. Nous travaillons tous en étroite collaboration les uns avec les autres. Nous changeons certaines choses, nous modifions le scénario. Plutôt que de prendre la technique comme point d’ancrage, ce sont les performances des acteurs qui sont au centre de tout. Tout cela se fait de manière très naturelle. C’est d’ailleurs ce qui est particulièrement appréciable de Matt, il est un réalisateur qui se concentre sur les acteurs. »
« C’était la vision de Matt que de faire de ce volet un film très émotionnel et centré sur César, précise Andy Serkis en faisant allusion au combat intérieur que le chef de la révolte des singes doit mener contre les humains afin d’assurer la survie de son espèce. Quand il m’en a parlé il y a environ deux ans et demi pendant plusieurs heures, ce qu’il m’a décrit est, grosso modo, ce qu’on retrouve aujourd’hui à l’écran. C’est la preuve tangible de la clarté de sa vision. »
Face à César, on retrouve le Colonel – et des accents d’Apocalypse Now –, plus déterminé que jamais à faire ce qu’il doit pour sauver l’espèce humaine. L’affrontement entre César – que Joe Letteri décrit comme « le conservateur de l’humanité des humains » – et le Colonel donne lieu à des scènes les plus fortes du long métrage, les deux personnages ne se parlant pas.
Comme le détaille Andy Serkis, son expérience théâtrale et celle de Woody Harrelson leur ont indubitablement servi pour ce moment précis. « Ce qu’on apprend au théâtre, c’est que la chimie immédiate, sur scène, entre deux acteurs est primordiale. J’ai adoré travailler avec Woody ! Il y a un autre moment, dans le film, où il devait réciter un monologue de sept pages. La scène a été condensée à l’écran pour des raisons évidentes, mais c’était impressionnant à voir ! Le théâtre nous a appris à tous les deux à nous écouter vraiment et à réagir l’un à l’autre. » La guerre de la planète des singes a envahi les cinémas du Québec le 14 juillet.