Le Journal de Montreal - Weekend

Une suite non planifiée

Brice de Nice 3

- ISABELLE HONTEBEYRI­E

Pas besoin de chercher, il n’y a pas eu de Brice 2 (« ... parce que le 2 je l’ai cassé ! », proclame le surfeur blond sur l’affiche). Ce nouveau volet, qui prend l’affiche le 4 août est bien la suite du premier. Réalisé par James Huth, complice de Jean Dujardin au moment du premier, ce Brice 3 voit Brice de Nice répondre au message de détresse de son copain Marius (Clovis Cornillac), en se rendant à Hawaï où il découvre que son nom est utilisé à des fins sinistres.

UNE SUITE NON PLANIFIÉE

Jean Dujardin n’aurait jamais pensé faire un deuxième épisode des aventures de ce personnage, inventé en 1996-1997. Inspiré de l’un des anciens camarades de classe de Dujardin, Brice est devenu le surfeur de plusieurs sketches avant d’être porté au grand écran en 2005. L’acteur n’a jamais eu l’idée d’écrire une suite au long métrage, il explique que « c’est venu comme ça. Je crois que j’avais envie – pardonnez l’expression – de tirer la chasse et d’avoir une grande liberté dans le cinéma. En France, on a parfois tendance à être enfermé dans des cases, surtout après les Oscars. »

« C’était un moyen de ne jamais me prendre au sérieux, parce que je ne me prends jamais au sérieux dans ce métier, ajoute-t-il. Je n’ai pas intérêt à le faire de toute manière. Brice, c’est une impulsion. C’est un moyen de revenir aux fondamenta­ux, de m’amuser, pour moi et avec mon ami James, avec ceux qui veulent bien s’amuser, avec ceux qui veulent y voir de la poésie, de la tendresse, des choses absurdes, des choses potaches. Brice, c’est une grande liberté. C’est un petit cri de “laissez-moi libre”. »

L’OSCAR QUI COLLE À LA PEAU…

Cette liberté est chère à Jean Dujardin qui a ressenti le contrecoup de l’attributio­n de son Oscar de manière particuliè­rement aiguë.

« C’est un “je ne suis pas un fantasme” parce que cela en crée beaucoup. C’est un “je ne suis pas ce que vous voudriez que je sois”. Je suis un acteur libre qui veut aller là où il veut. Si je veux me prendre pour un débile profond, je le fais. Si j’ai envie d’être juge d’instructio­n, je le fais. À l’heure où tout le monde nous commande ce qu’on doit faire, Brice était un bon moyen de dire merde poliment. Et peut-être que dans 10 ans, je n’exclus pas le fait de faire un Brice 7 ! »

C’est le hasard qui a fait s’écouler 10 ans entre chacune des apparition­s de Brice. « Ce n’est pas voulu. Mais il se trouve qu’à chaque fois, je suis convoqué par cet univers. C’est peut-être pour moi un moyen de ne pas m’enfermer dans quelque chose. Je ne vis pas que pour le cinéma, j’ai une vie à côté et c’est peut-être un moyen pour moi de complèteme­nt désacralis­er ça, de garder une espèce de virginité et de ne jamais calculer », dit-il.

« Dès qu’on calcule, on n’est plus vraiment honnête et on ne s’amuse plus. Après, on fait des films pour les autres, pour les prix ou, pire, pour l’argent. Moi, je le fais pour avoir des sensations et pour être toujours émerveillé. Ce cinéma-là est un lien avec mon enfance. Donc, j’essaye de

le garder tout le temps intact. Si c’est tous les 10 ans, bien volontiers ! Je recommence­rais ! »

SOUVENIRS D’ENFANCE

Brice 3 comporte plusieurs moments d’émerveille­ment, comme la scène dans laquelle le surfeur prend l’avion et ouvre le hublot. Comme l’explique Jean Dujardin, ce moment est directemen­t inspiré d’un souvenir d’enfance.

« L’avantage avec James, c’est que je lui commande mes rêves et qu’il les réalise ! Cette scène, c’est quelque chose que j’ai depuis que je suis enfant. Je prends souvent la place près du hublot et je m’imagine marcher sur l’aile et en train de danser ou de m’asseoir simplement au bout de l’aile et de regarder les nuages. »

« Oui, c’est du merveilleu­x. Et avec Brice, j’en suis capable. Dès que j’ai décidé que c’était du grand n’importe quoi, je peux faire n’importe quoi. Ça rentrait dans mon imaginaire. Je trouve fantasmant de pouvoir faire cela au cinéma et il n’y a qu’avec ce personnage-là que je puisse le faire. C’est vrai que je suis très proche de mes rêves. Là, depuis huit semaines, je suis en train de tourner le rôle d’un hussard en 1812 (Le retour du héros de Laurent Tirard), je suis très intact avec mon imaginaire ! »

Pour l’acteur et inventeur de Brice, le merveilleu­x et l’absurde ne suffisent pas à expliquer le succès de Brice de Nice au Québec. « Peut-être cela vient du fait que le personnage n’a pas de filtre et que l’éducation nous interdit de dire certaines choses. Brice prend certains raccourcis et cela lui permet de dire toute la vérité, comme les enfants. On ne retrouvera jamais son enfance. On ne retrouvera jamais cette insoucianc­e et cette impolitess­e qui sont celles des enfants. Quand c’est placé dans le corps d’un adulte, avec, en plus, un t-shirt jaune, c’est une espèce de fantasme. Brice, c’est un médicament. En tout cas, c’est comme ça que je l’ai conçu. J’étais peut-être un peu inhibé quand j’étais enfant et j’ai fantasmé un jour d’avoir la bonne réplique au bon moment pour pouvoir casser les gens. »

UN SOUVENIR DU QUÉBEC CHER À SON COEUR

Brice fait indubitabl­ement partie de la vie de Jean Dujardin, qui conserve précieusem­ent des accessoire­s du tournage. « Devant moi, j’ai la planche, une casquette avec Brice Paradise écrit dessus », dit-il. Mais ce n’est pas son souvenir le plus précieux. « J’ai encore quelque chose qu’on m’avait offert quand j’étais venu au Canada pour Brice de Nice… à moins que ce ne soit pour OSS. C’est une espèce d’urne avec marqué Je suis cassé et Brice de Nice. Il y a des cheveux qui dépassent de l’urne. Je l’ai gardée, elle est sur mon étagère et c’est mon petit cadeau du Québec ! Je garde ça en espérant revenir un jour à Montréal. »

Brice 3 surfera sur les écrans de la province dès le 4 août.

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