Le Journal de Montreal - Weekend
LE CHEMIN DE CROIX DE LANA DEL REY
Deux choses surprennent sur Lust for Life, le cinquième album de l’interprète pop. Tout d’abord, la porte-parole du blasement y va d’un sourire sur la pochette (!) et, mieux encore, les chansons qu’il contient sont pertinentes.
À mi-chemin entre le « retour aux sources » et la parution stratégique
(Lust For Life arrive en boutiques au cours d’un été moribond où les disques intéressants sont plus rares), cette nouvelle offrande poursuit le « chemin de croix » entamé par la chanteuse et son entourage depuis le dévoilement de
Born To Die, le second LP de l’artiste, qui l’a propulsée dans la zeitgeist, pour le meilleur comme pour le pire.
« BIEN VIVRE EST LA MEILLEURE VENGEANCE »
Mine de rien, alors que la « hype » et les quolibets à son endroit s’estompent, Lana Del Rey et compagnie propose des oeuvres de plus en plus relevées, et Lust For Life poursuit sur cette pente ascendante.
Si Born To Die avait, à l’époque, lassé plusieurs critiques par son spleen quasi caricatural et sa redondance musicale, la chanteuse évite ces pièges et triture ici ce fameux accablement romancé avec une énergie renouvelée. La chanson-titre (en duo avec The Weeknd) et Beautiful
People, Beautiful Problems (une collaboration avec l’illustre Stevie Nicks) en témoignent tout particulièrement.
« C’EST QUAND QU’ON VA OÙ ? » COMME CHANTAIT RENAUD
Lana Del Rey, le « personnage » incarné par la chanteuse Elizabeth Woolridge Grant, étant ce qu’il est, Lust
For Life n’est malheureusement pas surprenant et ne convaincra pas les mélomanes échaudés par sa discographie. Interprétation cruellement posée, mélodies aussi étirées qu’étriquées, et j’en passe. Tout est là !
Le LP soulève toutefois moult interrogations. Si Lana Del Rey revisite déjà ses débuts, que nous réserve-t-elle pour son prochain album ? La suite s’annonce excitante.