Le Journal de Montreal - Weekend
« MES 36 HEURES DANS LA GUERRE DU VIETNAM »
Eh oui, j’ai vu la guerre du Vietnam… à peine ! J’ai eu toute la misère du monde à y aller comme journaliste. Les Américains, à qui je demandais de m’intégrer à une de leurs unités en 1972, m’ont dit non.
J’étais fiché par la CIA comme un potentiel sympathisant communiste en raison d’une visite à Cuba en 1968. Alors, j’ai eu la frustration de voir mes collègues partir à l’aventure tandis que j’étais cloué ici ! Après le départ des Américains, à l’occasion d’une trêve à la suite de l’accord de Paris, j’ai finalement pu y mettre les pieds. En 1975, je faisais partie d’une délégation internationale d’observateurs dirigée par l’ONU, avec d’autres journalistes issus de « pays neutres ». Des guides Viêt-cong m’ont fièrement montré un hélicoptère américain abattu dans la jungle… C’était très impressionnant.
Or, la malchance a encore frappé. Après à peine trente-six heures de ce voyage qui devait durer une semaine, nous avons été rapatriés d’urgence. L’armée du Nord faisait mine d’attaquer : on entendait ses canons pétarader. L’armée du Sud était en débandade. Ses soldats désertaient leurs postes et troquaient l’uniforme contre des t-shirts pour se fondre dans la population. Bref, la trêve, que j’étais venu pour observer, était bafouée… Trop dangereux pour des civils ! L’ONU nous a donc fourgués dans un avion et dit bye !
Un mois plus tard, la guerre était finie : les communistes l’emportaient. Avec leurs chars soviétiques T-35, ils entraient dans Saigon. J’aurais bien aimé voir ça… Le pouvoir communiste ayant fermé les portes du tourisme à double tour, j’ai ensuite dû attendre 1990 pour y retourner… pour plus de 36 heures cette fois !