Le Journal de Montreal - Weekend
DE LA PURE FOILIE
Il y a un an, lorsque le producteur Nicolas Lemieux l’a approché pour lui demander de se joindre à son projet Montréal symphonique, le chef et orchestrateur Simon Leclerc a d’abord cru à de la pure folie. « Ma première réaction, ç’a été ça, a-t-il raconté
Cette proposition délirante, c’était celle de réunir sur une même scène trois des plus prestigieux orchestres symphoniques de la métropole : l’Orchestre symphonique de Montréal (OSM), l’Orchestre Métropolitain et l’Orchestre symphonique de McGill.
Le concert, présenté gratuitement au pied du mont Royal le 19 août prochain, à compter de 21 h, mettra également en vedette 20 artistes — principalement issus du milieu de la musique populaire —, dont Coeur de pirate, DJ Champion, Elisapie, Isabelle Boulay, Patrick Watson et Pierre Lapointe.
« Les idées extravagantes, je trouve que ça nous pousse à aller plus loin, a souligné Simon Leclerc. C’est vraiment un terrain de jeu particulier, d’avoir trois orchestres symphoniques. »
PLUSIEURS NIVEAUX
Selon le chef et compositeur, reconnu pour son association avec l’OSM et sa série OSM Pop, qui met en lumière des adaptations symphoniques de pièces populaires, ce projet frôle la folie à plusieurs niveaux.
« Évidemment, il y a la gestion de tout ce monde-là », a-t-il expliqué en faisant référence aux quelque 400 artistes (musiciens et choristes) qui seront présents sur scène, lors de cette soirée unique en son genre.
« C’est déjà beaucoup de monde quand tu as 80 musiciens devant toi, alors quand tu triples ça, comment on s’organise pour que tout ce monde-là me voie et que moi, je puisse me sentir à proximité de chacun ? Nous avons dû jongler avec ça (...) Comme nous n’avons pas d’expertise, là-dedans, nous avons dû y réfléchir longuement. Jusqu’aux répétitions, j’ai l’impression que nous allons encore raffiner quelques trucs. » Et qu’en est-il du son ? « C’est aussi quelque chose. Un orchestre symphonique, c’est construit de la façon que c’est construit pour qu’il y ait une balance, entre les sections et les instruments. En mettant trois orchestres ensemble, on joue un peu avec ces règles. Dans mon travail d’arrangeur et d’orchestrateur, j’ai dû faire attention à ça. »
UN TRAVAIL COLOSSAL
En effet, l’implication de Simon Leclerc, dans ce projet, ne s’arrête pas à la direction des musiciens. Au cours des 12 derniers mois, le chef a également travaillé d’arrache-pied avec les artistes qui contribueront au spectacle pour adapter les pièces qu’ils présenteront au public.
« Ce n’est pas toujours les trois orchestres qui joueront en même temps, a-t-il expliqué. Ça arrive, à certains moments clés, mais des fois c’est un orchestre, des fois c’est deux. D’autres fois, c’est une famille d’instruments. C’est comme un jeu de Lego avec lequel je me suis amusé. »
Le fait d’avoir dû collaborer avec 20 interprètes ou auteurs-compositeurs différents plutôt qu’un seul, comme il en a l’habitude avec la série OSM Pop, a également complexifié sa tâche.
« Ça représente à peu près 30 fois plus de temps investi dans le projet. Quand je travaille avec un seul artiste, on développe un dialogue, un vocabulaire, mais ça vaut pour 20 chansons », a-t-il expliqué.
« En plus, comme ils n’ont qu’un ou deux moments, dans le spectacle, ils veulent que ce soit réussi, et je les comprends ! (...) Ça fait en sorte qu’on en parle beaucoup plus, de ces numéros. »
UN PRIVILÈGE
Si une chose est sûre, c’est que Simon Leclerc s’estime privilégié que les trois orchestres qui seront du projet aient accepté de lui accorder leur confiance.
« Ça me fait chaud au coeur », a-t-il tenu à souligner.
Le maestro, qui s’est même remis à l’entraînement en vue de ce marathon musical de deux heures, qui sera composé d’une quarantaine de tableaux, croit sincèrement en ce grand concert symphonique, et ce, malgré l’immense défi qu’il représente.
« Ce projet est vraiment énorme, tant au niveau visuel que des artistes impliqués. Tout le monde travaille extrêmement fort pour amener le meilleur produit possible. C’est ce qu’on doit faire, comme artiste et artisan. Après ça, on espère que ça va être bon et que les gens vont aimer ça! »