Le Journal de Montreal - Weekend
L’INFLUENCE AUTOCHTONE SUR LA MUSIQUE AMÉRICAINE
RELAXNEWS | Leurs rythmes, leurs chants et leur son ont contribué à façonner la musique américaine du 20e siècle, du blues au rock : cet apport des Amérindiens, largement occulté, est maintenant loué dans le documentaire Rumble.
C’est un travail d’archéologue auquel il a fallu se livrer pour identifier, dans la musique moderne, les traces des Indiens d’Amérique, le plus souvent cachées, volontairement ou non.
UN PEUPLE MASSACRÉ
« Au début du 20e siècle, personne ne voulait être un Amérindien », souligne Stevie Salas, guitariste renommé, d’origine apache et producteur exécutif du documentaire, Rumble : The Indians Who Rocked the World.
Déplacés, parqués, voire massacrés durant les 18e et 19e siècles, les Amérindiens n’ont en effet obtenu la pleine citoyenneté américaine qu’en 1924, plus de cinquante ans après les Noirs (1868).
LES AMÉRINDIENS PÈRES DU BLUES ?
Pourtant dès l’invention du blues - genre fondateur de la musique américaine moderne - les Amérindiens étaient représentés, notamment par l’intermédiaire de Charley Patton (1891-1934), d’origine choctaw, une tribu du sud-est des États-Unis.
Pour le célèbre rockeur Jack White, Charley Patton est même le père spirituel du « Delta Blues », courant fondateur issu du delta du Mississippi. « Il était une référence pour tous les autres musiciens blues » de l’époque, a-t-il expliqué en 2015 à la radio publique NPR.
Le documentaire fait ainsi la démonstration que le blues ne tient pas uniquement ses origines des Afro-Américains, mais aussi des Amérindiens.
Certains reconnaissent même dans le rythme et le chant de Patton plusieurs caractéristiques de la musique indienne.
Outre Charley Patton, d’autres guitaristes de légende d’origine indienne ont été considérés comme des influences majeures de l’histoire du rock, à commencer par Link Wray, dont le morceau emblématique, Rumble, a donné son nom au film.
« Il n’y aurait peut-être pas eu les Who, le Jeff Beck Group, ou Led Zeppelin, sans Link Wray », affirme le batteur du groupe rock Foo Fighters, Taylor Hawkins, dans le film.
Tout au long du documentaire, un impressionnant aréopage de stars du rock défile pour rendre hommage à ces pionniers, aux origines souvent tues.