Le Journal de Montreal - Weekend

COMME UN ESSOUFFLEM­ENT…

- ISABELLE HONTEBEYRI­E

Pour le nouveau volet des aventures de Brice de Nice, Jean Dujardin ne convainc qu’à moitié.

On connaît le principe. Brice (Jean Dujardin), surfeur tout de jaune vêtu, « casse » ses adversaire­s à l’aide de réparties qui les laissent muets. Le premier long métrage, Brice de Nice, sorti en 2005 et inspiré par un personnage créé par l’acteur, alors qu’il débutait sa carrière comme humoriste, avait généré un engouement auprès du public, les jeunes des écoles secondaire­s de chez nous ayant même adopté la réplique « J’t’ai cassé ! », devenue culte.

JUSQU’À HAWAÏ

Un peu plus d’une décennie plus tard, nous retrouvons le frimeur chevelu exproprié, toujours aussi prompt à « casser » les autres en se prenant au sérieux. Puis, un jour, Brice trouve une bouteille contenant un message de son ami Marius de Fréjus (Clovis Cornillac) qui a besoin d’aide.

Après quelques rebondisse­ments et plaisanter­ies, Brice se retrouve à Hawaï (le film de James Huth a été tourné en Thaïlande) dans un parc d’attraction­s grandeur nature dédié à sa personne ! Et, afin d’ajouter un peu de piquant, c’est un Brice vieilli (il ressemble un peu au Père Fouras de Fort Boyard) qui raconte cette histoire à un parterre de jeunes incrédules.

INÉGAL

La première moitié du film de 75 minutes tourne un peu à vide. L’intérêt de Brice, en 2005, c’était la nouveauté. Les répliques étaient amusantes et on y trouvait une critique de la culture populaire moderne qui n’était pas pour déplaire. Onze ans plus tard, ça devient poussif, même si Jean Dujardin parvient, à de rares moments, à créer des moments magiques (le rêve éveillé dans l’avion par exemple, parfait de poésie enfantine et tiré d’un rêve d’enfance de l’acteur).

C’est la deuxième partie qui est, de loin, la plus intéressan­te. Lorsque notre antihéros parvient finalement à Hawaï, la critique de la société actuelle, faite de « selfies », d’autopromot­ion et de culte de la personnali­té, fait mouche. Les pitreries de Jean Dujardin prennent alors tout leur sens et, si elles ne génèrent pas de fou rire, parviennen­t néanmoins à dérider.

Délire pleinement assumé pour lequel il faut éteindre ses neurones, Brice 3 (comme l’indique l’affiche, « ... parce que le 2 je l’ai cassé ! ») a perdu la fraîcheur de l’inédit du premier et c’est bien dommage.

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