Le Journal de Montreal - Weekend
BERLIN, BASTION DE L’EXPLORATION URBAINE
RELAXNEWS | Avec ses hôpitaux abandonnés, ses bunkers désertés et ses salles d’anatomie fantomatiques, Berlin s’est imposé comme un temple de l’exploration urbaine, une pratique qui draine toujours plus de curieux avides d’arpenter les vestiges d’un passé mouvementé.
« C’est incroyable, je n’ai jamais vu autant de monde » : explorateur urbain (« urbexer », pour les initiés) chevronné, Ciaran Fahey (auteur du blogue
Abandonned Berlin) n’en revient pas. À l’abandon depuis 1991, ravagée par le temps et les éléments, une maternité a depuis été rebaptisée « Zombie Hospital », surnom lugubre tiré d’un des graffitis qui recouvrent ses murs.
L’urbex, pour « urban exploration », longtemps marginale, est devenue tendance partout dans le monde.
Née dans les années 1980, cette mode consiste à s’introduire dans un lieu abandonné, public ou privé, pour l’explorer, souvent de façon illégale. Ses règles sont strictes : pas d’effraction, pas de vandalisme, on ne prend rien sur place, sauf des photos ou des vidéos. Et on ne donne jamais l’adresse des lieux visités.
Comme tant d’autres endroits berlinois, le « Zombie Hospital » n’a pas échappé à cette tendance.
TOURISME DE FRICHES
Berlin regorge d’endroits semblables à cette maternité : anciennes casernes soviétiques désertées, parc de loisirs abandonnés, centres commerciaux en déshérence, instituts d’anatomie vides ou bunkers oubliés...
Autant de vestiges de l’histoire berlinoise, marquée au 20e siècle par le nazisme, la Deuxième Guerre mondiale, la partition Est/Ouest puis la chute du Mur et l’écroulement de la RDA, qui a abandonné aux ronces une foule de bâtiments devenus inutiles.
De véritables pépites pour les amateurs de tourisme de friches qui ont fait de Berlin l’un des hauts lieux de l’urbex, à l’image de Detroit ou de Melbourne.
DÉLABRÉS
Ce succès a suscité l’appétit de sociétés privées qui proposent, en accord avec les propriétaires, des visites payantes de lieux abandonnés : vestige de la Guerre froide et ancien temple des « free parties » berlinoises, l’ex-station d’écoute américaine du Teufelsberg et ses boules géodésiques n’y ont pas échappé, désormais accessibles uniquement en payant.
Certains lieux sont « dangereux », car « délabrés », explique Eva Henkel, l’une des porte-parole de l’administration de la ville de Berlin, propriétaire de nombreuses friches. Si les gens font fi d’un panneau « entrée interdite », alors c’est « à leurs risques et périls », prévient-elle.
Mais la perspective d’un accès officiel et payant fait grincer des dents les puristes, qui hurlent à la marchandisation. AD{JDM2110556}