Le Journal de Montreal - Weekend
Au pays des glaces pendant l’été
OSLO, Norvège - Qui peut être assez fou pour, au moment où l’été se pointe, partir direction nord, vers l’Arctique norvégien, l’archipel du Svalbard, le soleil de minuit, la froidure et l’aventure d’une vie sur le toit du monde ?
Après de très longues heures d’avion et d’aéroport, ces enragés du Grand Nord convergent vers Oslo, la capitale de la Norvège, pour profiter de quelques jours sans nuit dans cette ville fascinante.
Nous choisissons pour notre part d’orienter notre visite vers les attraits reliés aux grandes explorations des Vikings et des plus fameux navigateurs norvégiens, pour une parfaite entrée en matière.
Il faut ensuite près de trois heures de vol franc nord pour atteindre la capitale de ce territoire totalement méconnu qu’est le Svalbard, anciennement appelé Spitzberg, s’étendant du 78e au 81e parallèle.
Longyearbyen est la ville la plus nordique du monde. Vraiment un drôle d’endroit, avec ses maisons colorées et des centaines de motoneiges parquées n’importe où pour le court été. Qu’on se promène à motoneige, en vélo ou à pied, tout le monde porte la carabine en bandoulière. « Attention aux ours polaires », nous avait avertis le douanier.
On fait le tour des nombreuses boutiques d’équipements de plein air, du supermarché et du comptoir d’alcool pour faire des provisions à bas prix puisque l’archipel est une région sans taxes dans le pays le plus cher qui soit.
LA MER EST BELLE !
À vrai dire, il n’y a qu’une seule façon de visiter le Svalbard : en bateau. Le lendemain, tout le monde embarque à bord du navire russe l’Akademik
Ioffe, affrété par l’armateur canadien One Ocean Expeditions. Construit à la fin des années 1980, ce bâtiment de recherche océanographique s’avère hyper stable et silencieux.
Dès la première rencontre, on sent l’excitation des passagers, qui ont pourtant déjà, pour la plupart, voyagé en Arctique et en Antarctique. Chacun a ses passions, mais pas mal tous sont des mordus de photographie. On compte de nombreux ornithologues amateurs venus saisir l’oiseau rare. D’autres sont carrément ici pour admirer le roi de la banquise : l’ours polaire. Il y a des marcheurs désireux de fouler cet environnement rebelle et désertique. Des amants de la faune frétillent en espérant apercevoir des baleines, des morses, des phoques, des rennes, des renards et d’autres animaux. Certains vont multiplier les sorties en kayak de mer pour s’approcher de cette nature surdimensionnée. Tous seront subjugués par la magnificence des glaciers, qui recouvrent 60 % des îles. Pour notre part, notre objectif premier est l’observation de morses, que nous n’avons jamais vus dans leur milieu naturel, et des excursions en
kayak, que nous espérons inoubliables.
CONTEMPLATION ET SÉCURITÉ
Du pont, on admire un paysage montagneux aride, strié de névés immaculés, où se succèdent de magnifiques langues glaciaires et leurs murailles morcelées vêlant à la mer. Des horizons enrobés de brouillards et couverts de plafonds nuageux. Un panorama puissant dont on ne se lasse pas.
Mais, la contemplation n’est pas tout. Pour concrétiser les rêves de chacun, il faut plusieurs guides expérimentés et un modus operandi sécuritaire et efficace. Les voyageurs réalisent deux sorties par jour, sur la terre ferme ou en mer. Auparavant, une équipe d’encadreurs armés sécurise le site (encore les ours). Les zodiacs mis à l’eau partent un à un avec une dizaine de passagers et un guide. Certaines excursions se déroulent sur des sites historiques préalablement occupés par les baleiniers des siècles lointains, ou des exploitations minières plus récentes. Un passé empreint de mystère sur ces terres dépeuplées.
Les ornithologues partent de leur côté et peuvent passer des heures accroupis devant une falaise où nichent des petits pingouins, des guillemots à miroir, de superbes macareux. Sur les rives, ils photographient des canards eiders géants, des bernaches et des plongeons exotiques. Le volatile le plus rare sera le goéland ivoire.
DES RÊVES RÉALISÉS
Les randonneurs défient les crêtes de pierriers instables et se risquent même jusque sur les glaciers. Les rencontres de rennes aux bois de velours et de lagopèdes alpins constituent des moments magiques.
Les kayakistes sont seuls au monde, s’amusant avec les phoques, sous les abris des macareux ou devant les forteresses de glace qui s’effritent dans d’incroyables rugissements.
À deux reprises, nous nous approcherons de groupes de morses qui s’empilent paresseusement sur la plage, totalement indifférents à la présence des visiteurs.
Les observations se continuent sur le pont de l’Akademik Ioffe, qui avance à pas de loup, à travers les glaces, vers un phoque annelé, des morses à la nage, un majestueux rorqual bleu et, enfin, la vedette de toute cette aventure, un splendide ours blanc qui se laisse longuement admirer, pour le plus grand bonheur de tous ceux qui ont vu leurs rêves les plus fous se concrétiser.
Pour en savoir plus sur OneOcean Expeditions : www.oneoceanexpeditions.com