Le Journal de Montreal - Weekend
ROBERT PATTINSON DÉJANTÉ
Le tandem composé des deux frères Joshua et Ben Safdie, qui nous a donné Heaven Knows What en 2014, revient avec un long métrage résolument contemporain. Et Robert Pattinson s’y métamorphose en truand un peu niais. Lors de son passage au Festival Fantasia
Les frères Nick (Ben Safdie) et Connie (Robert Pattinson) décident de cambrioler une banque new-yorkaise et s’en sortent presque. Mais voilà, les policiers finissent par les rattraper et Nick, en raison de sa déficience mentale, finit en prison. Il revient donc à Connie de sortir son frangin de là, autrement dit de l’aider à s’évader de Ryker’s Island, avant qu’un malheur se produise. Pour y arriver, l’homme se livrera, en une nuit, à toutes sortes de manoeuvres dont le succès est loin d’être garanti.
Joshua Safdie n’a pas caché le fait que la motivation qui a animé son frère et lui-même est la même que celle qui leur a permis de faire leurs trois longs métrages (incluant un documentaire) précédents. « Nous faisons des films qui sont constamment ancrés dans la réalité, même si cette réalité est présentée à travers la vision que nous en avons. C’est ça qui nous intéresse », a-t-il expliqué à la fin de juillet aux journalistes rassemblés au Théâtre Hall de l’Université Concordia, lors d’une conférence de presse donnée à l’occasion du Festival international de films Fantasia.
CINÉMA-VÉRITÉ
« Pendant le tournage, nous nous sommes donc assurés de nous entourer, incluant Robert, du plus de stimuli possible. Par exemple, pour la scène qui se déroule en prison – d’ailleurs, à l’origine, le long métrage se déroulait en grande majorité derrière les barreaux –, nous avons embauché de vrais gardiens. Nous avons aussi tourné dans une vraie prison et confisqué tous les téléphones cellulaires. Ce qui s’est produit, c’est que les gardiens sont naturellement devenus des figures d’autorité et que tout le monde a eu l’impression de se trouver réellement en prison », a-t-il indiqué.
« L’un des figurants, celui qui joue le prisonnier en train de crier pour avoir accès au téléphone, est, en fait, un membre très influent d’un gang de New York. Lorsque nous avons commencé à travailler la scène, il s’est senti suffisamment en confiance pour nous dire que, dans la réalité, ça ne se passerait pas comme nous l’avions imaginé. Il nous a alors montré l’emplacement de tout le monde, a bloqué le champ de la caméra… et nous avons décidé de suivre ses indications », a détaillé Ben Safdie. De plus, l’un des vrais policiers embauchés a pris sur lui de commencer à conduire sa voiture en sens inverse de la circulation dans une rue de la Grosse Pomme… et c’est sans parler du bris d’une caméra de plusieurs centaines de milliers de dollars ou de la mort (naturelle) du premier chien choisi !
Ces mésaventures n’ont pas découragé Robert Pattinson, loin de là. « Il est le seul à ne jamais s’être plaint de tout le tournage », a tenu à souligner Joshua Safdie. Et l’acteur de plaisanter que son moment préféré ne figure même pas dans la version présentée en salle. « Je devais essayer de mettre Benny en colère. Je n’ai jamais été aussi désagréable et agressif de ma vie, mais je me suis beaucoup amusé. Je crois bien ne jamais m’être autant amusé sur un plateau ! »
TUEUR SOCIOPATHE
La prestation de Robert Pattinson a été à ce point remarquée que le nom de l’acteur circulait à Cannes pour le prix d’interprétation ! Son personnage de Connie, qui se croit indispensable à la survie de Nick, est-il un psychopathe ? Le comédien britannique a ri lorsqu’il s’est fait poser la question. « Je ne sais pas… oui, dans ma tête, il l’est… Peut-être est-il un sociopathe. Il vit une existence totalement indépendante des autres. Il n’a aucune peur et aucune honte. La grande majorité des gens ont un mécanisme d’autocontrôle, pas lui. Il est sans cesse en mouvement et c’est une sorte de psychose. »
« Il ne fait pas tout ça pour son frère, a commenté Robert Pattinson. Connie est un psychopathe narcissique ! Il fonctionne avec les autres en leur disant qu’il les aime et donc qu’ils font partie de sa famille. Et, ça, ça signifie que les autres doivent faire ce qu’il veut. C’est sa définition de l’amour. » Good Time : une nuit sous tension arrive dans les salles le 25 août.