Le Journal de Montreal - Weekend
UN ÉTRANGE VOYAGE
L’ornithologue ∂∂∂∂∑∂ Un film de João Pedro Rodrigues Avec Paul Hamy, Xelo Cagiao et João Pedro Rodrigues
Le cinéaste portugais João Pedro Rodrigues offre un étonnant périple initiatique, sensuel et surréaliste.
Il s’appelle Fernando (Paul Hamy) et se trouve dans une forêt sauvage du Portugal pour y observer des oiseaux rares. L’endroit est sauvage, reculé, tranquille.
Notre homme se retrouvera dans différentes situations à référence religieuse, qui vient renforcer la citation de Saint-Antoine qui ouvre le long métrage. Il croisera d’abord deux Chinoises, Fei (Han Wen) et Ling (Chan Suan), se proclamant bonnes chrétiennes, donnant lieu à des échanges drôlement décalés. Il tombera sur un site de rituel païen, observant, de nuit, des hommes en train de sacrifier un animal. Fernando croisera ensuite la route d’un gardien de chèvres muet avec lequel il a une aventure, mais qu’il soupçonne de lui avoir dérobé des affaires. SYMBOLISME
Le réalisateur place ensuite la dernière demi-heure du film dans un symbolisme évident — une tourterelle (ou une colombe) blanche avec une aile cassée, la découverte de statues religieuses, sans parler de la rencontre avec une étrange communauté de femmes, etc. — reprenant, pour mieux les tordre, une imagerie chrétienne et très fortement christique.
Gagnant du Léopard d’or de la meilleure réalisation au Festival international du film de Locarno, L’ornithologue n’est pas aussi obscur ni aussi difficile d’accès qu’on pourrait le penser, même si João Pedro Rodrigues n’hésite pas à se réclamer de Luis Buñuel. Superbement filmé, le long métrage présenté en version originale sous-titrée comporte suffisamment de références culturelles universelles pour qu’il frappe une corde sensible.