Le Journal de Montreal - Weekend
Un album émotif
Jason Bajada a touché le fond dans les semaines qui ont suivi la sortie de son précédent disque Volcano, paru en février 2016. De cette période trouble, générée par un chagrin d’amour toxique et un profond sentiment de trahison, est né Loveshit II (Blondi
Ce n’est pas la première fois que Jason Bajada partage ses états d’âme sur disque. En fait, on pourrait même affirmer que l’écriture de chansons est devenue un exutoire de choix pour l’artiste, qui n’a jamais eu peur de se mettre à nu en musique. C’était entre autres le cas sur Loveshit, album paru en 2009 (d’où le « II » dans le titre de celui-ci) dans lequel il étalait aussi ses sentiments après un chagrin d’amour.
« Je le fais pas mal tout le temps. C’est comme ça que j’écris », a révélé le principal intéressé, en entrevue.
« Pour moi, il n’y a pas de censure, lorsque j’écris des chansons. Évidemment, je ne suis pas allé jusqu’à nommer les personnes impliquées, mais c’est certain que je me suis mis à nu, sur certaines pièces, a-t-il poursuivi. Surtout les dernières que j’ai écrites, dont In What World Do You Savages Live Where You Thought I’d be Cool ?. Celle-là, je l’ai écrite le 31 décembre. Pour moi, c’était comme un recap de mon année. »
PENSÉES SUICIDAIRES
Sur cette chanson, l’artiste évoque clairement qu’il a pensé au suicide, au plus fort de la tempête qu’il l’a secoué, au printemps 2016. « It’s a miracle I’m still around. Caus all I wanna do is die (C’est un miracle si je suis toujours là. Parce que tout ce que je souhaite, c’est mourir) », y chantet-il.
« Quand Volcano est sorti, j’étais pas mal à mon pire. C’est en avril, par contre, que je me suis retrouvé au bord du gouffre, en train de magasiner des pistolets sur Google, a confié celui qui a fini par demander de l’aide et par effectuer un séjour à l’hôpital. Je voulais en finir, pour vrai. Ce n’était pas la meilleure période pour sortir un album. Émotionnellement, je n’étais pas là du tout. »
Le musicien explique que c’est l’ensemble de son univers, tant professionnel que personnel, qui s’est écroulé autour de lui, à ce moment-là. Pour pouvoir avancer, il a dû « faire le ménage » dans ses amitiés et ses collaborations artistiques, un exercice qui s’est révélé aussi pénible que bénéfique.
« Durant l’enregistrement de Volcano, j’étais couché par terre. Je faisais de l’anxiété. En fait, j’étais en train de vivre l’histoire de Loveshit II, a-t-il précisé. Cette foisci, quand j’ai enregistré l’album, j’avais du recul, j’allais mieux. J’ai vraiment eu beaucoup de plaisir à le faire. Je n’ai jamais autant assumé mes inspirations. J’ai joué 80 % des instruments (…) Cet album ne pourrait pas me ressembler plus. »
DEUX VOLETS
Précisons-le, le nouvel opus de Jason Bajada revient sur deux périodes bien distinctes, soit la catastrophe et la rémission, respectivement dépeintes sur The Backstabberz (la 2e moitié du projet) et Blondie (la première).
S’il a choisi de commencer par Blondie, un disque lumineux dans lequel il parle d’une relation qui lui a fait beaucoup de bien durant sa remise sur pied, c’est qu’il souhaitait amorcer ce voyage « en douceur ».
« Blondie, c’est une flamme que j’ai eue, a-t-il expliqué. Je suis tombé amoureux de quelqu’un qui était en couple. J’ai retrouvé mon côté séducteur. Elle se confiait beaucoup à moi, puisqu’elle n’était pas heureuse non plus (...) On se faisait du bien mutuellement. »
Afin d’immortaliser ses chansons, Jason Bajada a fait appel au réalisateur Philippe Brault, avec qui il a travaillé en vase clos, en studio. Le résultat, un alliage de tableaux aux influences diverses allant de Morrissey à The Cure, ne tombe pas dans la lourdeur, étonnamment. Son auteur, d’ailleurs, ne pourrait en être plus fier.
« Écrire autant à propos du même sujet, c’est un peu obsessif, mais je n’avais pas le choix. Cet album m’a sauvé la vie. »
L’album Loveshit II (Blondie & The
Backstabbers) est offert en magasin et en ligne. Toutes les informations concernant Jason Bajada et sa tournée se trouvent à l’adresse jasonbajada.net.