Le Journal de Montreal - Weekend

DANS LE COUNTRY QUEBECOIS CE SONT LES FEMMES GUI DOMINENT

Il y a deux ans, de jeunes stars de la musique country américaine comme Kelsea Ballerini, montaient au front pour dénoncer un animateur de radio qui affirmait que les femmes étaient au country ce que les tomates sont à une salade : une garniture. Alors qu

- SANDRA GODIN Collaborat­ion spéciale sandra.godin@quebecorme­dia.com

Il n’y a que sept femmes parmi les 40 artistes country les plus populaires de tous les temps, selon un palmarès établi par le magazine Rolling Stones. Le phénomène est visible quand on regarde les nomination­s aux différents galas country : ce sont les hommes qui sont majoritair­ement primés. Aux derniers CMT Awards, sept hommes sont repartis gagnants parmi les neuf catégories.

À l’ombre des États-Unis, le milieu du country québécois fait pourtant exception.

Le Festival western de Saint-Tite, dont deux filles sont à la tête de la programmat­ion, frôlent la parité homme femme dans son offre de spectacles. Sur douze artistes qui prendront part au spectacle de clôture le 16 septembre, on y trouve neuf femmes.

On est loin de la situation qu’on retrouve dans les autres genres musicaux au Québec. En mai, 136 artistes musicienne­s, dont les soeurs Boulay et Ariane Moffatt, lançaient le mouvement Femmes en musique pour faire face au sexisme dans l’industrie et dénoncer leur sous-représenta­tion dans les festivals.

Dans le monde du country, les chanteuses ne vivent pas la même réalité. « Quand cette controvers­e-là est sortie (le mouvement Femmes en musique), moi ça ne me rejoignait pas, souligne la chanteuse Cindy Bédard, qui fait partie du spectacle de clôture du Festival. Je lisais ça, et je comprenais le point de vue. Mais nous, dans le country, les femmes ont quelque chose, une espèce de pouvoir, et on est vraiment de l’avant. Je n’ai jamais senti de différence de genre. »

Pratiqueme­nt toutes les chanteuses country interviewé­es abondent en ce sens, et ont rappelé qu’elles ne font pas oublier les Paul Daraîche et Patrick Norman. « Je ne me suis jamais sentie à part parce que je suis une femme, souligne Renée Martel. Ici, au Québec, il y a beaucoup de femmes dans le country, sinon plus. Quand je monte un show, je trouve difficile parfois d’aller chercher des gars, parce qu’il n’y en a pas tant que ça. »

« C’est vrai que sur le marché ici, les femmes sont assez nombreuses maintenant, j’ai eu cette réflexion-là dernièreme­nt, affirme Guylaine Tanguay, qui était la quatrième en 2016 dans le palmarès des ventes d’albums québécois. Je ne sais pas si les hommes ont moins osé dans les dernières années s’en aller dans le country, ou s’il y en a juste moins qui sont fans, je ne sais pas. Mais je suis d’accord qu’on a une belle place. »

« Quand j’ai commencé en 1997, c’était audacieux de faire du country. Mais j’ai toujours affiché que j’aimais ça, et j’ai toujours eu une belle place en tant que femme », affirme Manon Bédard, qui célèbre 20 ans de carrière cette année.

« UNE FAMILLE »

Pourquoi ? Parce que le milieu du country québécois « est une bulle, comme une famille », explique Annie Blanchard. Il plane un respect mutuel envers les artistes qu’on ne trouve pas ailleurs. « Je n’ai jamais ressenti de discrimina­tion, pas ici. Mais, peut-être que si je mettais les pieds l’autre côté de la frontière ce serait différent », ajoute-t-elle.

« C’est certain que c’est vraiment une autre route que celle de la pop, ajoute Cindy Bédard. C’est un petit milieu, et on a beaucoup de respect les uns des autres. »

Véronique Labbé, qui est présente depuis une vingtaine d’années à Saint-Tite, souligne « le front » qu’ont eu les Renée Martel et Julie Daraîche de ce monde, elles qui ont pavé la voie aux autres femmes. Mais pour elle, « en tant que fille, je ne te cacherai pas que c’est plus difficile de faire sa place », affirme la chanteuse.

La relève est là également, avec de jeunes artistes comme Laurie Leblanc et Gabrielle Goulet, font remarquer les chanteuses bien établies. Et aussi, de nouveaux artistes qui embarquent dans la tendance new country.

« C’est fou le nombre de jeunes qu’il y a au Festival. C’est frappant », remarque Annie Blanchard.

ENCORE DES CLICHÉS

Cela dit, les artistes country ont encore de la difficulté à se défaire de préjugés à leur égard, non pas à cause de leur sexe, mais au style de musique.

« Je n’ai jamais senti de discrimina­tion par rapport au fait que je sois une femme, mais plus par rapport à la musique country. Tu es vu différemme­nt quand tu fais du country, mais dans mon cas, ç’a beaucoup changé depuis quelques années », affirme Guylaine Tanguay.

 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada