Le Journal de Montreal - Weekend
LA VIE ET LA MORT SUR LE VARANASI
Varanasi, Inde | Avec un groupe de vingt personnes dont je ne connaissais à peu près personne, j’ai décidé de réaliser un grand rêve et de partir en Inde. Nous allions faire le tour du Rajasthan, mais, pour moi, la principale raison de ce voyage était les
Mon but ultime était de voir le Gange, ce mythique fleuve sacré où tous les jours des milliers d’hindous se baignent pour se purifier dans des eaux extrêmement polluées. Plusieurs cadavres y sont jetés chaque jour, autant des cadavres d’humains, que de vaches.
Après l’âge de 65 ans, une grande majorité des hindous quittent leur famille, pour venir en ce lieu de pèlerinage. Tous veulent mourir à Varanasi. Les hindous croient que si une personne meurt dans la ville sainte, cette personne est automatiquement libérée du cycle des renaissances.
Nous avons assisté à la cérémonie de purification du Gange par sept prêtres brahmanes aux sons des clochettes et odeurs d’encens. Cette cérémonie se tient tous les soirs au coucher du soleil et attire des milliers de personnes. L’expérience y est tout à fait saisissante. Tout notre être est éveillé par les odeurs et les sons, mais aussi par la musique et les chants qui s’échappent des haut-parleurs. L’atmosphère qui y règne se faufile en nous pour nous arriver jusqu’à l’âme.
Le lendemain matin, levées à quatre heures nous sommes repartis au Gange. Notre guide a loué un bateau et nous avons vogué sur le fleuve. Plus le soleil se levait, plus les gens arrivaient pour entrer dans l’eau afin de se purifier. Nous n’avions pas le droit de photographier ni les femmes ni les bûchers funéraires. Nous avons longé les Ghats (grandes marches taillées dans la pierre descendant jusqu’au fleuve) et nous avons vu de chaque côté les bûchers où les morts sont incinérés chaque jour. Des cendres encore chaudes y brûlaient.
CRÉMATION ET RITUEL SACRÉ
Tous les Indiens n’ont pas droit au bûcher. Seuls ceux qui sont décédés d’une mort naturelle « normale » peuvent prétendre à l’incinération. Ceux qui sont morts à la suite d’un accident, une maladie ou un meurtre n’ont pas le droit de brûler le long du fleuve, leur cadavre ira directement rejoindre les eaux sacrées. Leur mort brutale ne peut être que le fruit d’un mauvais karma.
Le fils aîné utilise une perche du brancard pour briser le crâne du mort afin de faciliter l’élévation de l’esprit. À la fin de la crémation, la plupart des restes sont balancés dans le fleuve. La place est sommairement nettoyée et déjà prête pour un autre corps. Il reste la possibilité de passer par l’incinérateur électrique, c’est beaucoup moins cher, mais cela ne va pas avec la tradition. Pendant que les
Albert Cormier, est infographiste pigiste. À 57 ans, l’Inde du Nord (le Rajasthan) fut son premier grand voyage.
corps brûlent, les vaches et les chiens se promènent autour à la recherche de quelque chose à manger. LE SVASTIKA
On me dit que ce symbole est le plus favorable de tous. Pour les hindous, il symbolise le dieu Ganesh qui est fort populaire. Pour que la chance arrive de tous les côtés, l’extrémité des lignes sont ouvertes aux quatre points cardinaux : nord, sud, est et ouest.
Pour les hindous, la croix gammée est un symbole important depuis plusieurs milliers d’années. Le mot swastika est un mot sanskrit qui signifie bien-être, bonne existence et bonne chance. Un érudit sanskrit P. R. Sarkar, en 1979, a déclaré que la signification plus profonde du mot est la victoire permanente.
La croix gammée est un symbole de bonne fortune, de prospérité, d’abondance et d’éternité. Ce dessin peut encore être vu aussi sur les temples, les maisons, les autobus, les taxis et au coin des livres. Cela peut avoir un sens positif et négatif selon la façon dont il est dessiné. La croix gammée est un symbole utilisé par l’un des hommes les plus détestés de la Terre, Adolf Hitler. Un symbole qui représente la tuerie de millions de personnes.
« Hitler aurait copié et adopté ce symbole, l’a incliné à 45 degrés et coupé les ouvertures. Ce qui fait qu’il se serait par le fait même, coupé du monde » nous enseigne notre guide indien, Rahul Chawla. TAJ MAHAL, AGRA
Monument le plus célèbre de l’Inde, le Taj Mahal est aussi le mausolée le plus parfait de l’architecture et une des sept merveilles du monde. Toutefois la très grande pollution et les sept millions de visiteurs chaque année, endommagent l’imposant mausolée. Heureusement, le gouvernement indien a imposé de grandes restrictions de circulation routière et d’installations d’usines polluantes autour du monument. Il n’y a pas de trace de dégradation, preuve qu’il traverse l’histoire sans encombre.
Le dernier empereur moghol épousa successivement trois femmes, dont la troisième fut sa préférée. L’entente entre les deux époux était parfaite; lorsque son épouse décéda en 1631, l’empereur ordonna la construction d’un grand mausolée dans lequel elle pourra reposer. Le corps de l’empereur sera placé à ses côtés, ultérieurement, et ça malgré le fait qu’il se soit remarié plusieurs fois. Le Taj Mahal est donc une tombe, mais une tombe exceptionnelle. Sa construction fut de 1632 à 1648. Lorsque l’architecte principal fut choisi, l’empereur fit assassiner sa femme, afin que l’architecte fût dans le même état de douleur que lui durant la construction. Le mausolée est incrusté de pierres semi-précieuses. Il faut savoir que la réverbération du Soleil peut être vue à 40 kilomètres de distance, ce qui est beaucoup. LA NOURRITURE Chaque jour est une expérience nouvelle en Inde. Pour la nourriture, tout y est excellent. Le pays des épices nous offre une très grande variété de mets. Matin, midi et soir, un grand buffet à volonté nous est servi. Les Indiens mangent très épicés, pour le goût et aussi pour les vertus des épices. Par exemple, le curcuma sert d’antibiotique, il purifie le sang, il sert de chasse-moustiques, il est utilisé dans des produits de beauté et il sert de teinture pour les vêtements. Pour nous les touristes, il y a bien des mets avec des piments forts au menu, mais surtout des mets épicés à notre tolérance. Le curry est plus présent, ainsi que la cardamome, le cumin et la coriandre. Les Indiens sont plutôt végétariens, ils mangent de la viande (poulet, poisson) en général aux trois jours. Leur menu est composé de beaucoup de légumes et de lentilles. Comme nous sommes au nord, il n’y a pas beaucoup de poisson. Lorsqu’il y en a, il est excellent. Les vaches se promènent librement dans les rues, mais elles ne sont pas au menu.