Le Journal de Montreal - Weekend

« J’AI ARRÊTÉ D’ESSAYER DE PLAIRE AUX AUTRES – Julie Ringuette

» Alors qu’elle savait à peine marcher et parler, Julie Ringuette maîtrisait déjà l’art de se déguiser. Ce métier, il fait partie de sa vie depuis toujours. Déterminée à faire sa place sous le soleil, la comédienne n’a jamais eu de plan B : il lui fallait

- MICHÈLE LEMIEUX

Julie, tu chantes, tu danses et tu joues. As-tu su très tôt que ces talents allaient servir ta carrière ?

Au grand malheur de mes parents, oui ! (rires). J’avais deux ans à peine, et je me déguisais constammen­t. Mon père se plaît à dire qu’à cette période-là, je savais à peine marcher... Ça fait partie de moi depuis toujours.

Tu n’as donc étonné personne en annonçant ton choix de carrière...

Non. On a eu peur pour ma santé financière, mais personne n’est tombé en bas de sa chaise. Je ne me suis jamais posé la question à savoir ce que je pourrais faire d’autre.

Cette voie toute tracée est un avantage ou un inconvénie­nt, à ton avis ?

C’est un avantage, car je ne me suis jamais posé de questions par rapport à ça. J’ai des amies qui se cherchent encore... C’est un métier difficile, ç’aurait pu ne pas fonctionne­r. Ça m’aurait pris un plan B, mais je n’en avais pas. J’avais un but dans la vie et j’ai pris tous les moyens pour l’atteindre. J’y suis parvenue et j’en suis heureuse, mais certains amis n’ont pas eu cette chance. Il faut compter sur un ensemble de facteurs : le travail, le timing, la chance, la personnali­té...

Enfant, étais-tu celle qui attirait toujours l’attention ?

Oui, mais de manière positive. On m’a toujours décrite comme une leader positive. Je faisais de l’improvisat­ion, j’animais Secondaire en spectacle. J’étais impliquée. J’ai quand même subi un peu d’intimidati­on. Je fréquentai­s une école sportive à Trois-Rivières : je faisais rire de moi parce que je faisais de l’impro et parce que j’étais prête à faire plein de niaiseries. Ce n’est pas sexy, une fille qui parle fort. On préfère les belles filles discrètes... ce que je n’étais pas.

On parle ici de discrétion seulement...

Je n’étais pas jolie non plus, mais ça, c’est une autre histoire... (rires). Je n’excellais pas dans les sports. J’ai souvent essayé de m’éteindre et de me taire, mais je ne suis pas heureuse quand je le fais. Même en audition, on essaie de plaire et d’offrir ce que le réalisateu­r cherche. J’ai compris que j’offre quelque chose d’unique qui est Julie Ringuette, alors si ce n’est pas ce qu’on cherche, ce n’est pas pour moi. J’ai arrêté d’essayer de plaire aux autres.

Les choses ont-elles fonctionné pour toi dès ta sortie de l’école ?

Ça fait 12 ans que j’en suis sortie, et j’ai ramé longtemps. J’ai travaillé fort, contre vents et marées. Puis, il y a eu 30 vies. J’ai commencé avec une quotidienn­e, ce qui n’est pas rien. J’ai tourné 42 épisodes dans la peau de Jessica Marcotte. Je jouais aux côtés de Benoît Brière, de Mélanie Maynard et de Benoît Girard. Ç’a été un tournant dans ma carrière. À Vrak, j’ai joué dans MDR, un show à sketches devant public. Ç’a été une autre bonne école. Faire partie de Revue et corrigée était un rêve. Ça me permet de chanter, de danser, de jouer... Je ne suis pas une imitatrice, mais j’adore incarner différente­s personnali­tés. Au début de ma carrière, j’ai fait du théâtre pour les jeunes. Leur cause m’a interpellé­e. J’avais envie de leur dire de croire en leurs rêves et d’aller jusqu’au bout. Je les encourage à être honnêtes et authentiqu­es.

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