Le Journal de Montreal - Weekend
HARO SUR LES CHANSONS ABORDANT L’AMOUR NUMÉRIQUE, SVP
Après l’explosion de genres qu’était Punkt (2013) puis le spleen pianoté de Paris Tristesse (2014), Pierre Lapointe propose La science du coeur, une oeuvre qui, à l’image de son titre, aborde l’amour de façon incroyablement méthodique. Pour le meilleur, comme pour le pire.
AU-DEVANT DES TENDANCES JUSQU’AU STATUT FACEBOOK
Musicalement, on demeure « en terrain connu ». Pour reprendre l’image scientifique : imaginez une combinaison de la simplicité volontaire de Paris Tristesse et des ambitions de La forêt des mal-aimés (2006), voire de Les sentiments humains (2009). À défaut de surprendre les auditeurs, Lapointe y va d’une nouvelle fournée de compositions somptueuses. Bref, rien à redire !
Côté textes, toutefois, Pierre Lapointe déçoit. Toujours en phase, voire au-devant, des tendances au Québec, l’électron libre raconte une relation orageuse en plus d’abonder dans les chansons dénonçant notre dépendance aux réseaux sociaux, à l’amour au temps des apps, à l’ego carburant aux « likes » et autres lieux incroyablement communs du genre. Se posant ici en fin observateur de son époque, l’auteur-compositeur-interprète ressasse essentiellement de « grandes vérités » entendues ailleurs sans rien amener de neuf.
Ça irait pour la plupart de ses contemporains, mais lorsqu’il est question d’un artiste aussi inspiré et inspirant que Pierre Lapointe, c’est un choix qui pourrait désoler certains mélomanes.
Si la poésie est souvent belle, le propos, lui, est acalorique ; parfois même digne d’un statut Facebook qui ferait hausser des épaules, pousser un long soupir ou qu’on se partagerait en privé pour ricaner (Alphabet, un acrostiche en musique !, en témoigne tout particulièrement). Cela étant dit, La science du
coeur demeure un disque fastueux et satisfaisant
charmera2 qui ses fans.