Le Journal de Montreal - Weekend

UNE VIE BOULEVERSÉ­E PAR LA CHANTEUSE BARBARA

Le pianiste français Alexandre Tharaud se souviendra toujours de la première fois où il a vu Barbara sur scène. Le coup de foudre fut immédiat, bouleversa­nt. « Je suis la preuve vivante qu’un spectacle peut transforme­r toute une vie », confie-t-il.

- BRUNO LAPOINTE Le Journal de Montréal

Jusqu’alors, Barbara était une simple complice qui accompagna­it Alexandre Tharaud durant ses longues et pénibles nuits d’insomnie. Au moyen de son baladeur, la chanteuse lui murmurait au creux de l’oreille, se faisant rassurante.

« J’avais l’impression qu’elle m’écoutait, qu’elle me répondait même, durant ces nuits insupporta­bles. Mais elle n’avait rien d’une passion avant que je la rencontre par la scène. Ça a été une expérience bouleversa­nte », explique le pianiste au bout du fil, depuis Paris.

HOMMAGE À SON IDOLE

Quand Barbara est décédée, il y a 20 ans, Alexandre Tharaud savait d’ores et déjà qu’il devait contribuer, à sa manière, à rendre hommage à son idole. Trois jours après le décès de la Dame en noir, alors qu’on portait son corps en terre, le pianiste s’est retrouvé au cimetière, entouré d’autres fans. L’idée de l’album Barbara, arrivé dans les bacs hier, s’est alors imposée d’elle-même.

« Il pleuvait à boire debout, c’était franchemen­t désagréabl­e. Au bout d’une heure, quand les caméras sont parties, on s’est mis à chanter entre

fans anonymes. Ça m’a fait beaucoup de bien. Au fond, on était graves, mais pas tristes. C’est à ce moment que j’ai réalisé qu’elle vivait à travers nous », se rappelle-t-il.

20e ANNIVERSAI­RE

Puis, les années ont passé. Faute de temps et d’opportunit­és, le projet a été mis de côté, quoique jamais abandonné. Et, à l’approche du 20e anniversai­re du décès de la chanteuse, Alexandre Tharaud l’a repris en main.

Pour ce faire, le pianiste a approché un à un les artistes qui rendent aujourd’hui hommage à l’icône de la chanson française. Certains se sont laissé convaincre par les mots de la chanteuse elle-même, à l’instar de Jane Birkin qui a « fondu en larmes » en entendant la pièce Là-bas.

« J’ai senti qu’il avait un coup de foudre entre la chanson et sa nouvelle interprète. C’est quelque chose de rare, mais surtout vraiment extraordin­aire quand on est à l’origine d’un tel coup de foudre », raconte Alexandre Tharaud.

« Mais Barbara est une chanteuse qui intimide plusieurs interprète­s », ajoute-t-il.

LE FANTÔME DE BARBARA

Ces interprète­s se sont donc succédé en studio, Vanessa Paradis, Juliette Binoche, Guillaume Galienne et autres Bénabar ayant tous accepté de poser leur voix sur disque.

Et, chaque fois qu’Alexandre Tharaud prenait place au piano, que ce soit pour Dis quand reviendras-tu, Du bout des

lèvres, ou encore À mourir pour mourir, une présence supplément­aire se faisait sentir en studio, mystérieus­e, mais surtout rassurante.

« On sentait réellement que Barbara était avec nous, que son fantôme planait dans le studio. Ça nous a donné des moments d’une grande intensité », révèle-t-il.

L’album Barbara est présenteme­nt en vente.

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