Le Journal de Montreal - Weekend
UN SUSPENSE EFFICACE
Ne vous y méprenez pas : malgré les noms de Jackie Chan et Pierce Brosnan au générique, L’étranger est d’abord et avant tout un très bon suspense politique. Un film de Martin Campbell Avec Gerry Adams, Jackie Chan, Pier Brosnan et Rufus Jones
Quan Ngoc Minh (Jackie Chan, surprenant dans un rôle essentiellement dramatique) est arrivé en Angleterre il y a bien des années, après avoir perdu ses filles. Sa femme est morte en mettant au monde leur dernière enfant, Fan (Katie Leung). Alors qu’il la conduit dans un magasin, l’adolescente est victime d’une attaque terroriste et meurt.
Fou de douleur, Quan veut les noms des coupables. Comme l’attentat meurtrier a été revendiqué par un groupe terroriste qui veut faire revivre l’IRA, il se lance dans une traque implacable. Après avoir épuisé la patience des policiers – dont l’enquête est longue et ardue –, ce père éploré se tourne vers le seul homme capable de l’aider, Liam Hennessy (Pierce Brosnan qui a des airs de Gerry Adams), ministre adjoint des questions irlandaises. Comme le politicien possède un lourd passé de violence – il a fait partie de l’IRA avant les accords de paix –, Quan devra naviguer dans les eaux bien troubles de la politique.
PEU D’ACTION
Une fois passées les scènes de l’attentat du début de ce long métrage de 116 minutes, le réalisateur Martin Campbell – homme de L’oeil de feu :
Goldeneye et de Casino Royale – prend le parti de présenter l’intrigue de manière classique. Peu d’action (trois scènes mettent en valeur les capacités d’un Jackie Chan tout de même âgé de 63 ans) et une étude fouillée du personnage de Hennessy, homme devant composer avec toute l’ambiguïté de son rôle de combattant devenu respectable, caractérisent le long métrage.
CONNOTATION RACISTE
Dans ce film, une adaptation par David Marconi (Ennemi de l’État) du roman The Chinaman de Stephen Leather, Quan passe presque inaperçu, du moins au début. Le vieil homme dérange, énerve, agace, se fait traiter avec condescendance, rappelant toute la connotation raciste du Chinaman de l’ouvrage original. Et l’opposition entre ce père étranger qui a connu le pire et ce politicien ayant du sang sur les mains constitue le coeur de L’étranger. Bien plus qu’un simple film d’action,
L’étranger s’impose donc comme un thriller politique à suspense comprenant suffisamment de rebondissements crédibles pour que le spectateur se laisse prendre et ressorte pleinement satisfait de la projection.