Le Journal de Montreal - Weekend

UN SUSPENSE EFFICACE

Ne vous y méprenez pas : malgré les noms de Jackie Chan et Pierce Brosnan au générique, L’étranger est d’abord et avant tout un très bon suspense politique. Un film de Martin Campbell Avec Gerry Adams, Jackie Chan, Pier Brosnan et Rufus Jones

- ISABELLE HONTEBEYRI­E

Quan Ngoc Minh (Jackie Chan, surprenant dans un rôle essentiell­ement dramatique) est arrivé en Angleterre il y a bien des années, après avoir perdu ses filles. Sa femme est morte en mettant au monde leur dernière enfant, Fan (Katie Leung). Alors qu’il la conduit dans un magasin, l’adolescent­e est victime d’une attaque terroriste et meurt.

Fou de douleur, Quan veut les noms des coupables. Comme l’attentat meurtrier a été revendiqué par un groupe terroriste qui veut faire revivre l’IRA, il se lance dans une traque implacable. Après avoir épuisé la patience des policiers – dont l’enquête est longue et ardue –, ce père éploré se tourne vers le seul homme capable de l’aider, Liam Hennessy (Pierce Brosnan qui a des airs de Gerry Adams), ministre adjoint des questions irlandaise­s. Comme le politicien possède un lourd passé de violence – il a fait partie de l’IRA avant les accords de paix –, Quan devra naviguer dans les eaux bien troubles de la politique.

PEU D’ACTION

Une fois passées les scènes de l’attentat du début de ce long métrage de 116 minutes, le réalisateu­r Martin Campbell – homme de L’oeil de feu :

Goldeneye et de Casino Royale – prend le parti de présenter l’intrigue de manière classique. Peu d’action (trois scènes mettent en valeur les capacités d’un Jackie Chan tout de même âgé de 63 ans) et une étude fouillée du personnage de Hennessy, homme devant composer avec toute l’ambiguïté de son rôle de combattant devenu respectabl­e, caractéris­ent le long métrage.

CONNOTATIO­N RACISTE

Dans ce film, une adaptation par David Marconi (Ennemi de l’État) du roman The Chinaman de Stephen Leather, Quan passe presque inaperçu, du moins au début. Le vieil homme dérange, énerve, agace, se fait traiter avec condescend­ance, rappelant toute la connotatio­n raciste du Chinaman de l’ouvrage original. Et l’opposition entre ce père étranger qui a connu le pire et ce politicien ayant du sang sur les mains constitue le coeur de L’étranger. Bien plus qu’un simple film d’action,

L’étranger s’impose donc comme un thriller politique à suspense comprenant suffisamme­nt de rebondisse­ments crédibles pour que le spectateur se laisse prendre et ressorte pleinement satisfait de la projection.

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Quan Ngoc Minh (Jackie Chan) énerve, agace et se fait traiter avec condescend­ance dans ce suspense politique.

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