Le Journal de Montreal - Weekend
Une femme AGRESSÉE SEXUELLEMENT
Tirée de son bagage personnel, la comédienne Rachel Graton signe sa première pièce de théâtre, présentement à l’affiche au Théâtre d’Aujourd’hui. Portée par cinq comédiens et mise en scène par Claude Poissant, La nuit du 4 au 5 raconte la tragique histoir
C’est sur le bout des lèvres que la comédienne Rachel Graton, devenue auteure, admettra qu’elle s’est fait agresser dans la vraie vie. Sans vouloir raconter sa propre histoire dans une pièce, elle a néanmoins puisé dans un fait vécu qui lui appartient afin d’écrire La
nuit du 4 au 5, qui lui a d’ailleurs valu le prix Gratien-Gélinas, dédié aux auteurs de la relève. « Sans être exactement ce que l’on retrouve sur scène, c’est tiré d’une expérience que j’ai vécue », confie-t-elle. Il va sans dire que son expérience, aussi malheureuse soit-elle, ajoute une grande crédibilité et une certaine authenticité à son texte. « Je tenais à transposer mon expérience et en faire une oeuvre artistique », précise l’auteure en résidence au Théâtre d’Aujourd’hui.
Ainsi, durant la nuit du 4 au 5, près de chez elle, une jeune femme se fait violer par un inconnu. Durant son agression, elle se débat et elle crie si fort qu’elle réveille ses voisins. L’agresseur prendra la fuite.
« C’est un texte très fort et extrêmement costaud », souligne la comédienne Geneviève Boivin-Roussy qui fait partie de la distribution. « C’est un défi extraordinaire de jouer ce texte. »
À EN PERDRE LA MÉMOIRE
L’évènement est si traumatisant que la victime perdra partiellement la mémoire.
« La jeune femme ne se positionne jamais comme une victime », fait remarquer Geneviève Boivin-Roussy que l’on suit dans la série O’. « Elle tente plutôt de rassembler les pièces du puzzle afin de comprendre ce qui s’est passé. » Entre la douleur, la honte et la souffrance, il faudra inévitablement se rendre au poste de police et dresser un portrait-robot. L’événement ne sera pas sans conséquence. « Il y a les séquelles psychologiques et les cauchemars », révèle l’auteure. « Le corps se souvient, elle a des blessures. » On suivra l’évolution de cette femme qui s’affirme tout en faisant preuve de résilience pour retrouver le chemin de la liberté. « C’était une femme assez libre qui perdra sa liberté en raison de cette agression, mais qui tend à la retrouver », ajoute Rachel Graton.
UN CHOEUR
Ce texte sera porté par cinq comédiens, qui formeront un choeur, et qui deviendront tous, à un moment ou l’autre de la pièce, cette jeune femme agressée. « Nous sommes sur une ligne très fine entre la narration et le jeu psychologique », indique l’auteure que l’on retrouve dans les séries, Au secours de
Béatrice et Les Simone. Parmi les autres personnages, on compte la mère de la victime, les voisins, les amis, les policiers, les ambulanciers et les intervenants sociaux, avec qui elle tentera de reconstruire le fil des événements.