Le Journal de Montreal - Weekend
Les femmes seront à l’honneur cet hiver
Guylaine Tremblay est choyée. Et elle le sait. Depuis une quinzaine d’années, elle tient la vedette de séries qui obtiennent un énorme succès auprès du grand public. Mais ça n’a pas toujours été le cas. Aussi étrange que cela puisse paraître, il fut un temps où son nom n’apparaissait pas toujours au sommet des génériques. « J’ai eu des premiers rôles très tard à la télévision, indique la comédienne au Journal. Mon premier véritable lead, c’était Annie et ses hommes. Et j’avais 40 ans. »
Depuis le téléroman d’Annie Piérard et Bernard Dansereau, Guylaine Tremblay occupe l’avantplan. Cet hiver, elle donne la réplique à Anne-Élisabeth Bossé et Mickaël Gouin dans En tout cas, une nouvelle comédie de TVA. Signée par Rafaëlle Germain, la série raconte l’histoire de Danielle, une femme dégourdie et sans filtre qui quitte Val-d’Or pour venir s’installer à Montréal, où demeurent ses deux enfants.
En entrevue, l’actrice parle d’un personnage moderne qui évite non seulement les clichés liés aux gens des régions, mais ceux concernant les femmes d’un certain âge.
« Ce que Rafaëlle écrit, ça vient briser ce qu’on pense parfois. Danielle, c’est une femme qui est loin d’être frileuse en vieillissant. La ville, elle trouve ça extraordinaire. Elle aime Montréal. Elle aime son énergie. Elle aime prendre le métro. Ce qu’on voyait beaucoup avant, les personnages de 50 ans un peu repliés sur eux-mêmes, qui arrêtent de faire certaines choses… C’est fini. Et c’est très bien ainsi. »
FORTE REPRÉSENTATION
En tout cas domine une rentrée télévisuelle hivernale particulièrement riche en premiers rôles féminins. D’Unité 9 aux Magnifiques, en passant par
Ruptures, Au secours de Béatrice et Fugueuse, notre petit écran assure une représentation exceptionnelle des femmes.
« J’ai toujours décroché de super beaux rôles, mais maintenant, je suis contente de voir mes amies obtenir de beaux rôles, souligne Guylaine Tremblay. Je pense à Sophie Lorain, Marie-Thérèse Fortin, Isabel Richer... On est très présentes. Et on doit défendre des personnages riches et complexes... C’est formidable ! »
Selon la gagnante de 21 prix Artis, la recrudescence d’auteures explique en partie pourquoi les actrices n’ont jamais eu autant de beaux projets à leur disposition.
« Les hommes écrivent de beaux personnages féminins, mais leur perspective est différente. Les femmes qui écrivent savent qu’on peut être autre chose que “l’épouse de…”, “la mère de…” ou “l’employée de…”. Elles savent qu’on peut être au centre de l’action, et non seulement en soutien. »
LE COURANT PASSE
Parlant de femme forte, Guylaine Tremblay ne tarit pas d’éloges pour sa partenaire de jeu dans En tout
cas, Anne-Élisabeth Bossé. Entre elles, le courant n’a pas mis de temps à passer. Les téléspectateurs le remarqueront en voyant le rythme auquel elles s’envoient leurs répliques au premier épisode.
« Anne-Élisabeth et moi, ça a été un vrai coup de foudre professionnel. C’est comme si on avait toujours joué ensemble. On ne s’est même pas posé la question. Ça a été facile tout de suite. Dans notre énergie, la façon de voir les choses… Tout marchait. Avec Mickaël aussi. C’est une joie de travailler avec eux. »
Guylaine Tremblay salue également le travail de François Jaros (L’âge adulte, Toutes des
connes), qui réalise avec En tout cas sa toute première série télé.
« J’adore travailler avec des gens qui commencent, parce qu’ils ont l’enthousiasme des débuts, expliquet-elle. François a amené beaucoup de couleurs au projet. Il a fait un super beau travail. Les textes de Rafaëlle l’ont inspiré. Ça paraît. »
SUR SCÈNE
En plus d’apparaître dans nos téléviseurs deux fois par semaine cet hiver, Guylaine Tremblay brûle les planches du Théâtre Jean-Duceppe jusqu’au 3 février dans Enfant insignifiant ! de Michel Tremblay. Elle y campe Nana, un rôle qu’elle avait interprété l’an dernier dans Encore une fois, si vous permettez.
Bien qu’elle connaisse bien l’univers de Michel Tremblay (elle a également joué dans Les Belles-soeurs et Albertine en cinq temps du célèbre dramaturge), la comédienne d’expérience dit avoir traversé une grande période de stress avant la première.
« On était très énervé parce que c’est une création. Ç’a beau être du Michel Tremblay, c’était quand même la première fois que c’était joué. Heureusement, la réaction est super bonne. Les gens adorent ça. Le commentaire qui revient le plus souvent, c’est que ça fait du bien à l’âme. Les gens sortent du théâtre en souriant. »