Le Journal de Montreal - Weekend

EN SIMPLE OU EN DOUBLE

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Le match d’exhibition qui a opposé en 1973 la championne féminine mondiale Billy Jean King à l’ex-champion du monde masculin Bobby Riggs a fait l’objet d’un chouette film, La bataille des sexes, qui place l’art du tennis au premier plan. Ce sport de gentleman, apparu en Angleterre vers le milieu du XIXe siècle sous l’influence du jeu de paume français, exprime parfaiteme­nt la nature des relations entre les individus disposés en simple ou en double de chaque côté du filet. Outre le film de Jonathan Dayton et Valerie Faris paru cette semaine, voici trois autres exemples de l’emploi au cinéma du tennis comme marqueur de rapports de pouvoir... ou de séduction.

2 L’INCONNU DU NORD-EXPRESS (1951)

Un champion de tennis, Guy Haines, rencontre dans un train un inconnu qui lui fait une étrange propositio­n. Sachant que Haines aimerait se débarrasse­r de sa femme, l’homme s’offre à la tuer à la condition que le tennisman s’engage à lui rendre un semblable service. – Ainsi commence ce classique d’Alfred Hitchcock inspiré du roman de Patricia Highsmith, dans lequel le sport de raquette contribue à faire grimper la tension entre deux hommes joués par le fiévreux Farley Granger et le froid Robert Walker. Négligeant le mystère, Hitchcock a réalisé ici un pur suspense où il fignole ses effets à loisir. Certaines séquences constituen­t à ce titre des morceaux d’anthologie, dont la poursuite finale sur le manège.

4 WIMBLEDON (2004)

Tournée en grande partie dans le stade de Wimbledon, cette comédie sentimenta­le de Richard Loncraine (Pierre qui brûle) et des producteur­s de Coup de foudre à Notting Hill possède cette touche « british » si irrésistib­le, tantôt ironique, tantôt irrévérenc­ieuse. Le film se distingue aussi par sa mise en scène racée et parfois inventive, qui contribue à rendre fort excitantes les séquences sportives. L’intrigue ? Lors de son tournoi d’adieu, un joueur sur le déclin (Paul Bettany) se remet à gagner lorsqu’il s’éprend d’une jeune consoeur américaine (Kirsten Dunst). On ne réinvente pas la roue ni la balle, mais la chimie entre les deux acteurs opère, sur tous les terrains.

3 BALLE DE MATCH (2006)

Le tennis joue dans ce grand film de Woody Allen un rôle de premier plan, puisqu’il sert de trait d’union entre les classes sociales. Jonathan Rhys-Meyer (Les Tudor) campe un professeur de tennis d’origine modeste, marié à la fille d’un riche homme d’affaires londonien (Emily Mortimer), qui s’engage dans une liaison passionnée avec une actrice américaine (Scarlett Johansson). Manifestem­ent inspiré du classique

Une place au soleil de George Stevens (la ressemblan­ce de Rhys Meyers avec Montgomery Clift n’est d’ailleurs pas fortuite), le film fait avec finesse le portrait d’une haute société hermétique, auquel le cinéaste applique quelques traits d’ironie discrète. Cette oeuvre tendue est portée par une mise en scène fluide, racée, lisse comme un court de tennis.

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