Le Journal de Montreal - Weekend
LA RÉÉDITION DE PAMPHLETS ANTISÉMITES CHOQUE
AFP | Faut-il rééditer les pamphlets antisémites de LouisFerdinand Céline ? Depuis que le magazine L’Incorrect a affirmé début décembre que les pamphlets de Céline Bagatelles pour un massacre, L’École des cadavres et Les beaux draps) allaient être réédités par Gallimard « courant 2018 », les partisans de cette réédition et ceux qui s’y opposent ne cessent de s’affronter.
Si le premier ministre français Édouard Philippe n’y est pas hostile à condition de « soigneusement accompagner » leur publication, l’auteur franco-israélien Serge Klarsfeld y est catégoriquement opposé. Au coeur de cette polémique, l’éditeur Antoine Gallimard se défend.
« Le livre pour l’instant n’existe pas, alors pourquoi cette polémique? Elle ne devrait exister que quand j’annonce : “voilà, il sortira et voilà l’édition” », a affirmé Antoine Gallimard, interrogé mardi par un journaliste de l’AFP en marge de la Foire internationale du livre de New Delhi (Inde). L’éditeur a dénoncé « un procès d’intention ». « On n’a pas à pousser les éditeurs à s’autocensurer », a-t-il insisté.
BRÛLOT ANTI-JUIF
Interrogé par l’AFP, Serge Klarsfeld, président de l’association Fils et filles de déportés juifs de France, a estimé que les textes antisémites de Céline étaient « dangereux » et tombaient « sous le coup de la loi ». « C’est un brûlot anti-juif, c’est un appel au meurtre », a-t-il dit.
Ces textes constituent « une insupportable incitation à la haine antisémite et raciste », a dénoncé de son côté le Conseil représentatif des institutions juives (Crif).
Le président du Crif, Francis Kalifat a appelé les éditions Gallimard « à renoncer au projet de réédition de ces brûlots antisémites ».
Aucune date n’a cependant été fixée pour une éventuelle réédition de ces pamphlets violemment antisémites, un ensemble de textes publiés entre 1937 et 1941. « L’intention est d’encadrer et de replacer dans leur contexte des écrits d’une grande violence, marqués notamment par la haine antisémite de l’auteur », soulignait Gallimard.