Le Journal de Montreal - Weekend

DANS MA TÊTE, J’AI TOUJOURS 20 ANS

Vingt ans après avoir fondé Radio-Classique, Jean-Pierre Coallier voit le fruit de son labeur prendre de l’expansion grâce à Gregory Charles. L’animateur, qui a célébré ses 80 ans le 16 novembre, profite pleinement de sa retraite et n’est pas du tout nost

- MATTHIEU LÉVESQUE Agence QMI

Jean-Pierre Coallier était très ému le 1er novembre, alors que Gregory Charles lui faisait toute une surprise ! Le musicien, qui a fait l’acquisitio­n de Radio-Classique en 2015, avait organisé une visite de son nouveau studio, qu’il a nommé en l’honneur de M. Coallier. Très touché, le retraité n’en revenait tout simplement pas. « Je ne mérite pas ça. C’est aussi un studio de télévision, alors qui suis-je pour qu’il porte mon nom ? Oui, j’ai fait beaucoup de radio et de télévision, mais je ne suis pas une vedette. Habituelle­ment, on reçoit ce genre d’honneur quand on est mort. D’après moi, Gregory sait quelque chose que je ne sais pas... (rires) »

L’animateur était particuliè­rement ému puisque la fondation de Radio-Classique représente pour lui le plus beau moment de sa carrière. « J’ai été propriétai­re de six stations de radio durant mes 60 ans derrière le micro. Mais le nec plus ultra restera toujours la création de Radio-Classique. C’était la réalisatio­n d’un rêve. J’ai fait la demande pour implanter cette radio à Montréal en 1975, et j’en ai eu l’autorisati­on seulement en 1997. Ça représente plus de 20 ans d’attente ! J’ai dû céder ma place après avoir fait un AVC, qui m’a obligé à ralentir le rythme, mais je suis très content que Gregory ait pris la relève. »

SEREIN PAR RAPPORT À SA DÉCISION

Ceux qui espèrent toujours réentendre Jean-Pierre Coallier à la radio ou le revoir à la télévision seront déçus. L’animateur est catégoriqu­e : son temps est fait. « Je suis rendu à 80 ans. À un moment donné, la voix casse, et on n’a plus l’énergie qu’il faut. Je ne peux pas prédire l’avenir, mais c’est clair pour moi que c’est terminé. Je suis très serein par rapport à cette décision. Je ne suis pas du tout nostalgiqu­e. » S’il est effectivem­ent beaucoup moins présent dans les médias, il lui arrive parfois de travailler pour le plaisir. « J’accepte, à l’occasion, des petits contrats qui me sont offerts par mon vieil acolyte Jean-Pierre Martel. J’ai justement enregistré une pub pour des hot-dogs “steamés” ! »

Le soir de son anniversai­re, il a aussi animé un gala pour le Regroupeme­nt québécois des résidences pour aînés.

Quand on lui demande s’il compte un jour écrire sa biographie, il répond instantané­ment : « Non ! Mon ami Christian Tétreault, qui est maintenant auteur, me harcèle depuis longtemps pour écrire ma biographie, mais c’est hors de question. Je n’ai aucune mémoire et je ne crois pas que ça intéresse qui que ce soit. »

UN RETRAITÉ OCCUPÉ

Jean-Pierre Coallier est un nouvel octogénair­e. Et, contrairem­ent à plusieurs, ce n’est pas un chiffre qui lui fait peur. « Je ne le sens pas vraiment. Tant que je suis en santé, je suis toujours un p’tit cul. Dans ma tête, j’ai toujours 20 ans. Mais la différence est que les articulati­ons font mal et que le physique ne suit plus. J’ai toujours dit qu’il n’était jamais trop tard pour avoir une enfance heureuse. Je me considère toujours comme un p’tit cul qui aime la musique, la télévision... qui aime la vie ! »

Il faut dire que Jean-Pierre se tient occupé. Même s’il est à la retraite, il est toujours actif et est loin de perdre son temps. « Il ne faut pas oublier que j’ai quatre enfants, huit petits-enfants et une femme très exigeante ! (rires) Je passe beaucoup de temps avec eux. J’ai aussi eu la bonne idée de faire des placements durant ma jeunesse, ce qui m’a permis de faire l’acquisitio­n d’un petit domaine, un vieux moulin construit en 1827, en Guadeloupe. Je suis aussi un bricoleur. Je construis des petits meubles en utilisant seulement des outils de l’époque. C’est assez bas de gamme, mais j’ai beaucoup de plaisir », conclut-il avec un large sourire.

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JEAN-PIERRE COALLIER

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