Le Journal de Montreal - Weekend
QUAND L’IMPROVISATION CRÉE « DES MOMENTS MAGIQUES »
Tous ceux qui sont arrivés en retard à un de ses spectacles et ont dû s’asseoir sur scène en guise de punition vous le diront : au sein de la confrérie des humoristes au Québec, Jérémy Demay compte parmi les spécialistes de l’improvisation.
Il n’y a pas une représentation de
Vivant, son deuxième one-man-show, qui se termine sans que ce grand efflanqué s’autorise à sortir de son texte pour échanger avec des spectateurs.
Il arrive même, lorsque le terrain est particulièrement fertile, que la soirée s’étire. Des représentations ont duré un bon vingt minutes en supplémentaire, « parce qu’il y a du niaisage dans la salle », affirme-t-il.
« Ce sont les moments les plus magiques. Quand tu vas voir un humoriste et qu’il se passe quelque chose d’imprévu, les gens le sentent. »
MISE EN DANGER
Sugar Sammy et Mariana Mazza, entre autres, sont des experts pour prendre à contrepied des membres du public. Cette forme de mise en danger, note cependant Jérémy Demay, est pratiquée par peu d’humoristes. Elle est pourtant exaltante. « Parler à quelqu’un qui est au 30e rang, qui te répond, tout le monde entend et tu dois être drôle par rapport à ce qu’il te dit, je vois ça comme quelque chose d’excitant. Ça me met dans ma
game », dit celui qui filme ses moments d’impro tous les soirs.
« Je les mets sur Facebook pour créer de la publicité. Ce n’est pas grave de le publier parce que ça n’arrivera plus jamais dans le show, donc je ne vends pas de punch. »
Comment parvient-on à devenir un spécialiste de l’impro sur scène ?
« À force de le faire, répond simplement Demay. Ton cerveau s’y fait. J’ai tellement improvisé que j’ai des portes de sortie. Je ne me plante jamais vraiment, sauf si je mets un malaise. »
Même s’il a déjà installé jusqu’à huit retardataires sur la scène, le comique originaire de Paris assure qu’il ne se moque pas des gens. « Ça reste toujours bon enfant. »
« PRIVILÉGIÉ »
La recette s’avère gagnante puisque Jérémy Demay franchira le cap de la centième représentation de Vivant le jeudi, à la Salle Albert-Rousseau, à Québec. À la billetterie, il approche les 70 000 billets vendus.
« Je me sens privilégié », dit celui qui réunit dans ses salles des admirateurs de tous les âges.
« Ça va de 10 à 80 ans. Il y a autant de gens âgés que de jeunes. Selon ce que je fais et ce que je crée, je touche une tranche de la population. J’ai écrit un livre qui a touché des gens de tous les âges. Buzz, mon émission à Musique Plus, touche beaucoup de jeunes. Est-ce un objectif de plaire à plusieurs publics? Non, je fais ce que j’aime. Mais je suis content d’attirer un large public. Ça me permet d’être polyvalent et de vendre plus de billets. »