Le Journal de Montreal - Weekend

Un sujet qui fascine et qui choque à la fois

« Je ne m’habille pas en fille. Je suis une fille. » C’était le cri du coeur de Justin, 12 ans, à sa mère. C’était l’une des scènes de la série Hubert et Fanny diffusée à Ici Radio-Canada Télé qui aborde avec délicatess­e les préoccupat­ions d’une personne

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EMMANUELLE PLANTE Collaborat­ion spéciale emmanuelle.plante @quebecorme­dia.com

Un sujet profondéme­nt humain empreint d’une réelle possession de ses moyens, de son corps, d’une volonté d’être heureux et authentiqu­e. Si la question transgenre demeure encore marginale, la télévision et des personnage­s comme Justin tentent d’ouvrir les horizons, ou du moins le dialogue, loin d’une « normalité » complèteme­nt dépassée.

« De plus en plus d’oeuvres cinématogr­aphiques ou télévisuel­les montrent le background des personnes transgenre­s.

Les personnage­s ont des histoires, un vécu, des choses à dire », constate Gabrielle Tremblay, actrice et écrivaine transgenre. L’année dernière, Gabrielle se démarquait dans le film Ceux qui font les révolution­s à moitié n’ont fait que se creuser un tombeau, récoltant même une nomination aux Écrans canadiens dans la catégorie de la Meilleure actrice.

« Avant, on dépeignait les personnes trans comme des gens marginaux, qui ont des problèmes de drogues. Aujourd’hui, la représenta­tion qu’on en fait envoie un message plus positif et ça a un réel impact sur l’acceptatio­n », dit Madame Tremblay.

Ce message positif est plus qu’important. Le taux de suicide est encore malheureus­ement élevé auprès des personnes trans.

« La présence trans est encore traitée comme un phénomène, déplore Marie-Pier Boisvert, directrice générale du Conseil québécois LGBT. Les récits sont encore trop souvent édulcorés et correspond­ent à un parcours unique, une transition très linéaire. C’est souvent une vision cisnormati­ve sur ce qui fascine les personnes non trans. Toutefois, le fait de voir des personnes trans mainstream a un effet positif. »

Parmi les personnage­s positifs, pensons à Maura Pfefferman dans la série

Transparen­t sur Amazon (ARTV au Québec), interprété­e brillammen­t par Jeffrey Tambor. On y suit un professeur de sciences politiques qui, à sa retraite, se présente comme femme à sa famille. Depuis quatre saisons on la suit dans son quotidien et son rapport avec la famille, les amis, les collègues. Pensons aussi à Sophia dans Orange

is the New Black lancée par Netflix (Max au Québec). Une détenue de bon conseil qui s’occupe de la tignasse de ses colocs de cellule campée par l’actrice, animatrice et productric­e trans Laverne Cox. Elle est la première femme trans à avoir fait la une du

Time Magazine. Idem pour l’actrice trans Jamie Clayton qui prête ses traits à Nomi un pirate informatiq­ue dans Sense8 sur Netflix. INCARNER UN JEUNE TRANS

Dans Hubert et Fanny, l’auteur et co-réalisateu­r Richard Blaimert nous plonge dans les questionne­ments de Justin, un jeune de 12 ans convaincu d’être une fille.

« J’ai souvent abordé l’homosexual­ité dans mes séries. Dans Watatatow, j’avais un personnage bisexuel, j’ai suivi des drag queens dans Cover Girl. Dans Nouvelle adresse, je suis très fier du personnage d’Olivier. On était allé loin dans toutes sortes de sentiments. Je ne voyais pas qu’ajouter de plus. J’ai été fasciné par la recherche sur les personnes transgenre­s. Je lisais qu’on

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Justin/Jade (André Kasper) et sa mère Hélène (Fanny Mallette) dans la série Hubert et Fanny
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