Le Journal de Montreal - Weekend
LES FACES CACHÉES DE L’INDE
Dépaysement garanti avec ce livre qui nous permet de visiter l’un des plus grands quartiers rouges d’Asie.
Avant de lire Le colis, jamais on n’avait entendu parler des hijras, dont le mot, en ourdou, signifie « migration ». Étant elle-même une hijra, Madhu, la principale héroïne de ce roman aussi cru que bouleversant, nous entraîne ainsi dans un univers particulièrement glauque. Née dans un corps d’homme, Madhu a commencé très jeune à marcher comme une femme et à être la risée de tous ses petits camarades de classe.
CHARMES AMBIVALENTS
Par chance, elle croisera par hasard la route de celle qui changera sa vie… en la soulageant de ses attributs sexuels masculins et en l’installant à Kamathipura, le quartier rouge de Bombay. Car en Inde, c’est le seul endroit où les « messieurs femmes » de son genre peuvent tant bien que mal réussir à gagner leur vie, leurs charmes ambivalents attirant de nombreux clients.
L’ENVERS DU DÉCOR
Ayant aujourd’hui franchi le cap de la quarantaine, Madhu a cependant depuis longtemps cessé de se prostituer, son visage ravagé et son corps flétri n’appâtant plus personne. De ce fait, elle en est réduite à mendier ou à obéir aveuglément aux ordres de sa vieille protectrice, et lorsque cette dernière lui demandera de travailler pour Padma, l’une des mères maquerelles les plus puissantes du quartier, Madhu sera contrainte d’accepter. Sa mission ? S’occuper d’un colis – une fillette népalaise de 10 ans vendue par sa famille – qui devra bientôt être « ouvert » par un client prêt à payer ce qu’il faut pour tripoter une jeune vierge. Une triste réalité qui risque d’ébranler quantité de lecteurs…