Le Journal de Montreal - Weekend
UN VENT DE FRAÎCHEUR
Loin d’être endormant, le nouveau roman d’Éric Holder se penche de façon singulière sur les rêves d’un homme profondément marqué par la vie.
Même si trois de ses romans (Mademoiselle Chambon, L’Homme de chevet et Bienvenue parmi nous) ont été adaptés au grand écran, Éric Holder continue de se faire plutôt discret, enchaînant en douce des histoires qui, tout comme celle de La belle n’a pas sommeil, ont le don d’éveiller peu à peu l’intérêt et la curiosité de ses lecteurs.
TROU PERDU
Plus concrètement, on se demandera assez vite pourquoi Antoine, son nouveau héros, a délibérément choisi d’ouvrir une librairie d’occasion dans un trou perdu si difficile à trouver qu’il peut très souvent s’écouler plusieurs jours – voire des semaines – avant qu’un client couvert de broussailles n’en pousse la porte. Car si, quelques années plus tôt, une mystérieuse bouquiniste chinoise n’avait pas été emballée par la manière dont il réparait et recouvrait les livres, Antoine aurait sans doute fermé boutique depuis longtemps.
ROMPRE AVEC LA ROUTINE
Heureux de passer tranquillement l’essentiel de son existence entouré de vieux bouquins, Antoine a néanmoins aussi fini par apprécier la compagnie des gens du coin. Au fil des pages, on croisera ainsi Marco, un garde champêtre souffrant de bore-out (un syndrome engendré par l’ennui et le manque de travail) ou Marie, la boulangère du bourg voisin avec laquelle il lui arrive de temps à autre d’égayer ses soirées. Et puis, coup sur coup, deux événements marquants obligeront Antoine à sortir de sa tanière : le vol d’un roman de Frédéric Berthet placé en évidence dans le présentoir de sa librairie et l’arrivée de Lorraine, une jeune et jolie conteuse professionnelle de 29 ans qui, pour pouvoir prendre soin de sa mère malade, s’installera à deux pas de chez lui.
Merveilleusement bien racontée, la suite nous a souvent donné quelques frissons.