Le Journal de Montreal - Weekend
QUAND WES ANDERSON S’ANIME
Pour son deuxième long métrage réalisé en animation image par image, Wes Anderson a décidé de rendre hommage au cinéma japonais. Explications…
Le cinéaste de L’hôtel Grand Budapest a voulu, avec ses compères scénaristes Roman Coppola, Jason Schwartzman et Kunichi Nomura, rendre hommage aux films japonais avec son tout nouveau
L’île aux chiens. « Ce film est, en réalité, beaucoup moins inspiré par d’autres productions en animation image par image que par Akira Kurosawa », a-t-il dit lors d’une classe de maître à la Cinémathèque de Paris l’an dernier.
Le réalisateur iconoclaste, marqué dans sa jeunesse par les films d’Alfred Hitchcock, François Truffaut, Steven Spielberg et plusieurs autres, ne dévoile pas entièrement ses inspirations. « La raison en est simple, puisqu’on essaye de leur voler quelque chose. Si l’on arrive à les passer en douce, on y gagne, sans rien avoir à perdre », a-t-il précisé.
Celui qui fait des listes de films, de tableaux qu’il a vus, d’endroits qu’il a visités lorsqu’il note ses idées pour un nouveau projet a indiqué que son goût de l’animation lui venait « de ces longs métrages spéciaux de Noël, présentés à la télévision. J’ai toujours aimé les créatures qu’on voit dans les films de Ray Harryhausen [NDLR : célèbre animateur britannique, inventeur de la technique “Dynamation” et lauréat d’un Oscar pour ses effets visuels]. »
CHIENS INTERDITS
L’histoire de L’île aux chiens suit le petit Atari Kobayashi (voix de Koyu Rankin), 12 ans, pupille de Kobayashi (voix de Kunichi Nomura), le maire corrompu de Megasaki City. Du jour au lendemain, et par décret exécutif, tous les chiens de la ville sont exilés sur une île de détritus… y compris Spot (voix de Liev Schreiber), le chien d’Atari. Sans hésiter, le garçonnet part à la recherche de l’animal qu’il considère comme son meilleur ami. Là, il rencontrera d’autres chiens, dont King (voix de Bob Balaban), Nutmeg (voix de Scarlet Johansson), Chief (voix de Bryan Cranston), Rex (voix d’Edward Norton), Boss (voix de Bill Murray) ou encore Duke (voix de Jeff Goldblum) et Oracle (voix de Tilda Swinton).
Et, comme dans tout film de Wes Anderson, une galerie de personnages hauts en couleur peuple son univers. On trouve donc Tracy Walker (voix de Greta Gerwig), une étudiante à la tête du journal étudiant, ainsi que Nelson (voix de Frances McDormand), la traductrice.
DIALOGUES JAPONAIS
Les personnages et l’histoire ne sont pas les seules singularités de L’île aux
chiens. Les dialogues des Japonais demeurent en japonais, sauf lorsqu’ils s’expriment à travers un appareil de traduction automatique ou lorsque Nelson est à l’oeuvre. Les aboiements des chiens, eux, sont automatiquement traduits en anglais dans la version originale, mais il n’y a aucun sous-titre pour les dialogues des personnages.
« Les sous-titres ne semblaient pas une idée amusante. Lorsqu’on lit des sous-titres, on est concentré sur la lecture et l’on n’écoute pas vraiment la langue. En laissant les personnages parler japonais sans traduire, j’ai l’impression que les spectateurs les écoutent. On ne comprend pas les mots, mais on comprend l’émotion. »