Le Journal de Montreal - Weekend

ENVOÛTANT THRILLER HISTORIQUE

- MARIE-FRANCE BORNAIS Le Journal de Québec

L’écrivaine et scénariste française Ève de Castro s’est inspirée de la vie d’une tueuse en série russe du début du 20e siècle, Lena Popova, pour écrire un nouveau thriller historique très prenant, mis en parallèle avec une histoire contempora­ine se déroulant à Paris : La femme qui tuait les hommes.

À Samana, petite commune de Russie, l’année 1909 est marquée par l’exécution de Lena Popova, condamnée pour avoir tué un homme avant d’avouer qu’elle avait assassiné 300 maris indignes, à la demande des épouses bafouées.

Plus d’un siècle plus tard à Paris, Jeanne, une femme âgée, décide de venir en aide à ses semblables pour tromper son ennui. Elle choisit sa mission lorsqu’une jeune femme en pleurs dans le métro lui raconte comment un jeune homme lui a brisé le coeur. Et elle choisira un écrivain connu pour avoir sa revanche. Ève de Castro, en étudiant la vie de Lena, a revisité celle du révolution­naire russe Lénine. « C’est vrai pour moi et pour beaucoup d’écrivains : les livres, ça vient souvent de rencontres », dit Ève de Castro en entrevue.

Cette fois, c’est une rencontre avec un fait divers. « Je lisais un bouquin de Marc Duguain, Avenue des Géants, qui est l’histoire d’un serial killer hallucinan­t. Et je me suis demandé s’il y avait l’équivalent en femme. Je suis tombée sur Popova : 300 maris. Oh! J’ai gardé ça dans un coin de ma tête. »

PERSONNAGE MARQUANT

Entre-temps, l’année dernière, l’écrivaine a perdu sa mère et son père, à deux mois et demi d’intervalle. « Ça m’a profondéme­nt bouleversé­e. Le deuil est une expérience très intime, un pays de grande solitude et dans cette grande solitude, il y a des choses qui mûrissent. Et est remonté le personnage de Jeanne, et toute son histoire en Savoie, qui est une histoire de ma famille. Et la mère de Jeanne était la couturière de mon arrièregra­nd-mère. » Le personnage de Jeanne, ajoute-t-elle, a marqué sa petite-enfance de manière constructr­ice. « Elle ressemblai­t à la Jeanne du roman, avec des cheveux blancs jusqu’aux fesses, un visage complèteme­nt lunaire avec des yeux liquides. Elle était couturière et son mari l’avait quittée pour la guenon d’en face. Ça a hanté mon enfance et mon adolescenc­e. » Toutes ces histoires ont formé des petites strates qui se sont déposées au fur et à mesure... « Tu rajoutes à ça qu’il y a 20 ans, j’ai rencontré sur les quais du métro de Saint-Germaindes-Prés une femme qui ressemblai­t comme deux gouttes d’eau à ma Jeanne, qui était assise sur le siège du métro et regardait passer les wagons. Je me suis assise à côté d’elle. J’ai essayé de lui parler et je n’ai pas réussi. » « Le lendemain, je suis revenue, et elle n’était plus là. Je me suis dit : un jour, j’écrirai l’histoire de cette femme et elle s’appellera Jeanne. »

Ève de Castro est écrivaine et scénariste. Elle a signé plusieurs excellents romans, comme Le Roi

des ombres et Joujou.

Elle partage son année entre la France et Detroit, aux États-Unis.

Elle travaille sur son prochain livre... et devra faire ses recherches à Montréal.

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