Le Journal de Montreal - Weekend

COMPLOTS À KINGSTON

- MARIE-FRANCE BORNAIS Le Journal de Québec

Roger Gariépy s’est inspiré de faits vécus au début du 19e siècle dans la ville de Kingston, en Ontario, pour écrire son second roman, La Terre de William Bates. Il mêle habilement l’histoire et les faits romanesque­s pour faire revivre un complot qui a secoué le Haut-Canada à l’époque.

L’aventure débute en 1830, à Kingston. Après avoir passé l’hiver dans un campement des Indiens Mississaug­as, William Bates rentre dans une ferme qu’il a bien du mal à exploiter. Sa femme Alexandra l’a encore attendu, mais les rumeurs qui courent sur son mari et son aventure avec une jeune amérindien­ne signent la fin de leur union.

William Bates, dont le penchant pour la dive bouteille signera sa perte, décide de consulter un avocat Brian Scott, pour régler ses dettes. L’avocat, fin renard, s’organise pour qu’il n’arrive jamais à rembourser son dû. De plus, il manigance pour qu’on l’accuse d’un crime.

« J’aime les histoires méconnues et c’est pour ça que je vais puiser à l’extérieur du Québec. Ce n’est pas pour une question politique du tout : c’est pour apporter de la nouveauté aux lecteurs », explique l’auteur en entrevue.

« HISTOIRE EXCEPTIONN­ELLE »

En fouillant dans les archives canadienne­s, il est tombé par hasard sur l’histoire de William Bates, qui l’a bien intrigué. « J’ai trouvé que c’était une histoire tellement étrange que j’ai continué à gratter pour en découvrir un peu plus. Je me suis rendu compte que c’était une histoire exceptionn­elle, inédite, et que ça valait la peine qu’on la raconte davantage. »

Il s’est documenté sur l’époque et sur les Indiens Mississaug­as, allant jusqu’à visiter la bibliothèq­ue de Kingston pour consulter de vieux journaux sur microfilms. Il estime qu’environ les trois quarts du roman sont des faits réels et font référence au village de Credit, devenu aujourd’hui Mississaug­a, près de Toronto.

« VICTIME DE SES TRAVERS »

Roger Gariépy relate d’ailleurs dans son roman une attaque menée contre des gens de race noire dans la communauté de Kingston. « C’est un fait réel. L’avocat avait été accusé et il s’en est tiré grâce à l’argent, en payant l’un et en payant l’autre. C’était quelqu’un qui n’était pas très honnête. » À son avis, William Bates a en partie forgé son propre malheur. « C’est un libertin pour son époque, ce qui était mal vu, au départ. Ça l’a entraîné dans la misère. Même quand il a voulu travailler sa terre et en tirer profit, il ne réussissai­t pas à écouler sa marchandis­e. Comme il n’était pas vu d’un bon oeil par les autres, il y a eu de la convoitise : certains ont essayé de s’emparer de ses biens, d’autres, de sa femme. On a été jusqu’à prendre sa vie pour se débarrasse­r de lui, finalement. Il a été victime de ses travers et de la société de l’époque. » √ Roger Gariépy a publié en 2012 le roman La ville oubliée (Guy Saint-Jean Éditeur), dont l’action se déroule dans le nord de l’Alberta. Il est copropriét­aire de l’entreprise Canots Nor-West Canoes. Il habite à Prévost, dans les Basses-Laurentide­s.

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LA TERRE DE WILLIAM BATES Roger Gariépy Éditions Hurtubise 366 pages
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