Le Journal de Montreal - Weekend

La chanteuse au talent d’écrivaine

Depuis plusieurs années, Stéphanie Lapointe nous montre l’étendue du talent qui bouillonne en elle en nous offrant des chansons, des documentai­res, des rôles à l’écran...

- KIM NUNÈS Agence QMI

Cette année, elle nous surprend encore en nous proposant le premier tome d’une série jeunesse publiée aux Éditions Les Malins, Fanny Cloutier. Comme elle aime faire les choses autrement, son livre contient de nombreuses pages qui se déplient comme s’il s’agissait d’un véritable journal intime.

Rencontre avec une artiste unique.

Votre carrière est parsemée d’expérience­s variées. Qu’est-ce qui guide vos choix profession­nels ?

« Ce sont beaucoup d’accidents de parcours, mais je me rends compte que ce qui guide mon chemin, ce sont surtout les rencontres que je fais. Plus j’avance dans mon parcours, plus il y a une part de moi qui est beaucoup dans ma tête et dans la création. Écrire des livres, ça répond justement à ça. Quand je jouais, ma part de création était mon interpréta­tion. Mais ce n’était pas assez : j’avais envie d’inventer mes propres personnage­s. »

Pourquoi avoir choisi la littératur­e jeunesse pour mettre en action vos personnage­s ?

« L’adolescenc­e est une époque de la vie que je trouve très touchante, car il y a des moments d’une grande solitude. C’est aussi durant cette période qu’on se pose plusieurs questions existentie­lles. C’est un moment où on est encore un peu des enfants, mais aussi un peu des adultes parce qu’on a vieilli et qu’on a eu des blessures ; on essaie des choses et on se trompe. Je trouve ça tellement beau. Il y a aussi toutes les premières fois... »

En quoi Fanny, le personnage de votre livre, vous ressemble-t-elle ?

« C’est très fictif. Cependant, la nature du personnage — une petite fille qui a du caractère, qui est très en colère contre ses parents même si elle a eu une super bonne famille —, c’est moi ! Je n’habitais pas dans un petit patelin comme celui dans lequel Fanny va se retrouver, mais à 12 ans, alors que je vivais à Brossard, je me souviens que je trouvais ça petit. À l’adolescenc­e, j’étais habitée par cette envie de voir le monde. J’avais la conviction qu’il y avait quelque chose de plus grand qui m’attendait. »

Fanny vit de grands moments de solitude. Était-ce aussi votre cas ?

« Quand j’étais petite, je n’avais pas beaucoup d’amis. Puis, au secondaire, il m’arrivait de marcher autour de l’école pour manger mon sandwich, car j’étais seule et je ne voulais pas que quelqu’un me voie ainsi. J’avais honte, comme Fanny. Ce sont des moments qui semblent anodins, mais c’est grave, dans la vie d’un enfant, de se sentir seul et rejeté… »

Dans les pages de votre livre, on reconnaît votre ouverture sur le monde. Était-ce important pour vous de faire voyager vos lecteurs à travers les aventures de Fanny ?

« Je voulais qu’elle voyage dans plein de pays, car je me suis demandé ce que les voyages auraient eu comme effet sur une petite fille comme celle que j’étais : assez curieuse. Puis je me suis demandé ce que ça ferait sur la vie de Fanny d’avoir vu l’Afrique, le Japon, etc. Ce livre est le premier d’une série qu’on espère longue, et mon personnage sera amené à beaucoup voyager. »

Le deuil de la mère est aussi abordé dans votre livre. Est-ce votre rôle de maman qui vous a donné envie de traiter le sujet ?

« Je ne sais pas pourquoi, mais ça me touche beaucoup, l’idée qu’un enfant grandisse sans figure maternelle. Ça m’a toujours marquée, si bien que, dans

Casting, mon premier roman, la petite fille était aussi en processus de deuil : sa mère mourait d’un cancer. Là, c’est autre chose, car Fanny a grandi toute seule avec son père. Ça fait d’elle une enfant différente. Parfois, les enfants blessés deviennent des jeunes très sensibles. J’avais donc la volonté d’explorer ça. C’était très inconscien­t, mais c’est sûr que, quand on est parent, on se demande ce qu’il arrivera si on part, car il y a un être qui compte sur nous. »

Vous avez dédicacé votre livre à Marguerite, votre fille de cinq ans. Qu’est-ce que la maternité a changé dans votre vie ?

« Tout ! Maintenant, quand je fais un projet, je me demande comment elle percevra mes accompliss­ements lorsqu’elle sera plus vieille. Je veux qu’elle soit fière. »

Le roman de Stéphanie Lapointe Fanny Cloutier ou l’année où j’ai failli rater mon adolescenc­e est en vente.

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Stéphanie Lapointe lance le premier tome d’une série jeunesse.

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