Le Journal de Montreal - Weekend
Mademoiselle C. reprend du service
La romancière Dominique Demers offre une finale à la fois drôle et émouvante à la série Charlotte, devenue un classique de la littérature jeunesse, avec Une infirmière du tonnerre. Elle y aborde le délicat sujet des enfants qui sont malades et hospitalisés, les invitant avec humour à garder le moral et poursuivre leurs rêves.
Avec ce texte hors série, Dominique Demers dit adieu à Mademoiselle Charlotte, une héroïne qu’elle a créée alors qu’elle avait 20 ans et qui a donné naissance à une formidable carrière. Au Québec et en France, la série s’est vendue à plus d’un demi-million d’exemplaires, en plus d’avoir été traduite en plusieurs langues.
Une infirmière du tonnerre raconte l’histoire de Raphaël, un champion de planche à neige qui se retrouve à l’hôpital, la jambe attachée en l’air, après une fracture du fémur. Sa nouvelle infirmière n’est nulle autre que Mademoiselle Charlotte, qui lui prescrit des livres pour traverser cette épreuve.
« Charlotte, c’est son dernier métier, c’est notre dernière aventure ensemble, confie Dominique Demers. J’espérais qu’elle me revisiterait au moins une dernière fois et je sentais que ce serait la dernière, parce que ses visites s’espacent, elle a dit beaucoup de choses importantes, elle a vécu plusieurs métiers. Je croyais que dans le dernier, elle serait écrivaine... puis j’ai eu cette idée qu’elle soit infirmière. En travaillant sur le projet, j’ai découvert que Mademoiselle Charlotte est écrivaine dans son coeur et dans sa vie. C’est pas un métier... c’est toute sa vie. »
Quand elle est infirmière, Charlotte prescrit des romans aux enfants, leur en lit, leur invente des histoires, leur enseigne à inventer des histoires. « Elle a toujours fait ça dans chacun des livres. On est dans le domaine de la santé et moi-même, j’ai eu des petites aventures, côté santé, dans les dix dernières années et ça m’a sensibilisée au sujet. »
Dans le roman, le petit Raphaël, en colère contre le monde entier à la suite de son accident, rencontre une petite fille qui va lui donner, dit Dominique, « une leçon de joie ». « Le rythme est enlevé. C’est un sujet grave, mais c’est un livre qui est très drôle. »
Dominique et son équipe ont travaillé la mise en page de manière à ce que certains mots ressortent en gros caractères, ajoutant de la fantaisie aux pages. « J’appelle ça des ancrages visuels ou des récréations visuelles. Ça nous aide à ne pas être étourdis par le trop-plein de mots. »
Dominique Demers souhaitait que ce huitième tome de la série Charlotte soit considéré comme un hors série. « C’est le dernier. Il a deux fois plus de texte. Le sujet est grave, malgré l’humour. On a fait un traitement à part dans le visuel. »
L’IMPORTANCE DE LA LECTURE
Mademoiselle Charlotte part... mais va toujours rester dans la vie de Dominique Demers, assure-t-elle. « Elle m’a enseigné beaucoup de choses et m’a particulièrement sensibilisée à l’importance de la lecture. Je me trouve très privilégiée que Mademoiselle Charlotte m’ait visitée, moi. J’ai vraiment l’impression qu’elle m’a choisie. Elle m’a raconté son histoire et je la raconte de la meilleure façon que je peux. Elle existe vraiment. »
EMMIEUTER LE MONDE
Avec L’été de la petite baleine, un nouveau titre de la série Le petit Gnouf, Dominique Demers participe ce printemps à la campagne « Lire pour emmieuter le monde ». Le livre sera vendu sous emballage, à la fois en couverture rigide et en couverture souple, pour permettre le partage. « J’ai fait des choses à ma façon pour promouvoir la lecture, mais j’avais envie de faire quelque chose de plus important. »
« Si tous les parents racontaient une histoire à leur enfant, tous les soirs, quand ils sont petits, on emmieuterait le monde parce qu’on donnerait le goût de lire. Et quand on aime lire, on est plus heureux, on s’épanouit davantage, aussi bien professionnellement que dans notre vie personnelle. »
Dominique Demers sera présente au Salon international du livre de Québec.