Le Journal de Montreal - Weekend
UN POLAR PRESQUE DOCUMENTAIRE
OEuvre de Laurent Cantet (Entre les murs), L’atelier mélange suspense et fiction sociale.
À La Ciotat, ville française située non loin de Marseille, Olivia Dejazet (Marina Foïs), auteure de romans policiers à succès, organise un atelier d’écriture destiné aux jeunes défavorisés de ce port, le but étant leur insertion.
Antoine (Matthieu Lucci, parfait dans ce premier rôle) y assiste. Solitaire, amateur de jeux vidéo et de jeux de guerre, flirtant avec l’extrême droite, le jeune homme détonne rapidement au milieu du groupe. Alors que les participants optent pour l’écriture collective d’un polar conventionnel, Antoine commence à poser des questions qui dérangent. Faut-il automatiquement un mobile pour tuer ? Peut-on devenir tueur par ennui ? En cette période marquée par l’après-Bataclan, la réflexion dérange. D’autant qu’Antoine teinte ses propos d’un racisme latent et d’une violence qui choque ses condisciples.
FINALE DÉCEVANTE
Rapidement, cette fiction qui ressemble à un documentaire, écrite par Laurent Cantet et Robin Campillo
(120 battements par minute), vieux complices depuis 1997, se transforme en policier traditionnel. Le malaise s’installe entre Olivia et Antoine. D’abord subtils, leurs sentiments d’attirance et de répulsion se feront de plus en plus évidents jusqu’à la finale bien décevante dans sa banalité.
Marina Foïs est, comme toujours, très bonne, même si son personnage semble obéir à une trame narrative rigide qui fait d’elle une « petite bourgeoise » cherchant sans doute à se donner bonne conscience en organisant cet atelier.
De la même manière, elle cherche à comprendre Antoine pour mieux profiter de lui, pour ensuite s’en détacher comme s’il n’était pour elle qu’un sujet d’étude, dénué de toute humanité propre.
Avec l’excellent Entre les murs encore présent à l’esprit, il est difficile d’accepter pleinement la deuxième moitié de cet Atelier, décidément bien trop froide, construite comme un simple exercice de style répété sans qu’on en comprenne bien l’utilité.