Le Journal de Montreal - Weekend
ADIEU À DANIEL DAY-LEWIS
Au coeur du Fil caché, paru en DVD et en VSD cette semaine, règne l’intimidant couturier londonien Reynolds Woodcock. Un rôle plus grand que nature, qui passera à l’histoire du cinéma comme le dernier tenu par Daniel Day-Lewis, qui a annoncé sa retraite au cours du tournage. En guise d’adieu à ce comédien extraordinaire, retour sur ses plus grandes réussites.
3 MY LEFT FOOT - L’HISTOIRE DE CHRISTY BROWN (1989)
Évocation de la vie du peintre et écrivain irlandais Christy Brown, qui n’avait de contrôle que sur son pied gauche en raison d’une paralysie cérébrale. - Pour sa composition remarquable de cet artiste handicapé, Daniel Day-Lewis a décroché un premier Oscar. À ses débuts à la réalisation, Jim Sheridan adopte un style rude et sans concession, à l’image de son personnage réel. Le résultat force l’admiration. L’acteur et le metteur en scène referont équipe pour deux films marquants sur la guerre civile en Irlande du point de vue de militants de l’IRA : Au nom du fils et Le boxeur.
2LE TEMPS DE L’INNOCENCE (1993)
En 1870, un jeune NewYorkais de la haute bourgeoisie s’éprend d’une cousine de sa fiancée. - Martin Scorsese (Les affranchis) signe une adaptation majestueuse du roman d’Edith Wharton, décrivant avec une enivrante richesse de détails historiques les rouages d’une société en vase clos. La retenue des personnages est admirablement rendue par le subtil Daniel Day Lewis, la touchante Winona Ryder (Edward aux mains d’argent) et la déchirante Michelle Pfeiffer (Les liaisons dangereuses). Scorsese retrouvera en 2002 Day-Lewis pour son ambitieux Les gangs de New York, lui donnant l’occasion de tenir avec panache son premier rôle de vilain.
2 IL Y AURA DU SANG (2007)
Au tournant du XXe siècle, en Californie, l’ascension d’un prospecteur de pétrole misanthrope, appelé à croiser le fer avec un jeune prédicateur illuminé. - Dix ans avant Le fil caché, Paul Thomas Anderson (Magnolia, Le maître) a dirigé Daniel Day-Lewis dans cette brillante et flamboyante saga dénonçant les dérives de l’ambition et de la foi, inspirée d’une nouvelle d’Upton Sainclair. Face au formidable Paul Dano (Prisonniers) dans un double rôle, le bouillant Day-Lewis crève l’écran, avec un deuxième Oscar à la clé.
3 LINCOLN (2012)
Durant la guerre de Sécession, le combat du président Abraham Lincoln pour faire adopter le 13e amendement à la Constitution américaine, qui abolira l’esclavage. - La plastique sobrement élégante de ce film de Steven Spielberg, son troisième sur le thème de l’affranchissement des Afro-Américains (après La couleur pourpre et Amistad), est mise au service d’un récit fascinant dans lequel le cinéaste évoque, tel un rappel à l’ordre, les valeurs fondatrices du parti républicain. L’interprétation un brin théâtrale est dominée par Daniel Day-Lewis, qui a remporté un troisième Oscar pour sa performance empreinte d’intelligence et de dignité.